Quelle idée ! Peter Ackroyd relate le projet de reconstituer la première de Water music (qui eut lieu le 17 juillet 1717) du compositeur Haendel sur un bateau voguant sur la Tamise et qui fit le trajet de Whitehall à Chelsea, avec à son bord le roi George Ier. Le but de la manœuvre était d’en mettre plein la vue et de redorer l’image de la royauté. Pour cette reconstitution, on convoque d’éminents historiens, décorateurs, documentalistes, musicologues, histoire de cautionner l’affaire et nous voilà parti dans un retour au passé sans machine à explorer le temps ! Ce qui est assez étonnant, c’est l’hypernaturalisme ridicule du projet. Enfin, avec des entorses tout de même assez cocasses. D’un côté, on demande à un musicien de raser sa barbe (qu’il avait depuis des années et il n’a pas l’air très ravi) car à l’époque, les musiciens n’en portaient pas mais de l’autre côté, on accepte que des femmes jouent dans l’orchestre alors que, toujours à la même époque, elles n’y jouaient pas, surtout en de telles occasions. Pourquoi ne faire que la moitié du chemin dans ce naturalisme ? Car on installe même des partitions autographes avec des fautes et bien sûr, on utilise des instruments d’époque ! C’est l’English Concert dirigé par Andrew Manze qui s’y colle avec force perruque et costumes encore d’époque ! Bien sûr, le bateau est peint aux couleurs toujours de l’époque. Bref, quel intérêt à tout cela ? Aucun en réalité car non seulement on ne fait que refaire ce qui a déjà été fait mais comment refaire au XXIe siècle ce qui a été fait au XVIIIe ? À croire que le XXIe siècle ne trouve pas mieux comme originalité que de reconstituer le XVIIIe ! Et là, on est dans la plus grande des approximations. C’est au mieux totalement anecdotique mais on a trouvé un petit coup pour éditer un DVD ! Dans le documentaire, il est difficile de suivre la musique car on entend le clapotis de l’eau et autres bruits annexes mais dans les bonus, on peut l’entendre sans ces désagréments et avec la possibilité de varier les angles de prise de vue. Yannick Rolandeau |