Voilà un enregistrement remarquable où l’expression artistique, celle qui ouvre de nouvelles voies interprétatives, atteint des sommets. Le piano-forte est ici le maître d’un univers en devenir et Mozart lui-même en devina l’importance lorsqu’il écrivit : Il me faut maintenant vous parler des pianos de Stein. Avant d’avoir vu les instruments construits par ce dernier, les claviers de Späth avaient ma préférence, mais maintenant, je dois donner l’avantage à ceux de Stein, car ils étouffent beaucoup mieux le son… Je peux toucher les notes comme je veux, le ton sera toujours égal. Il ne tinte pas, n’est ni trop fort, ni trop faible, et vient à tous les coups… Lorsqu’il à terminé un tel piano, il s’y assied et essaye toutes sortes de passages, de traits et d’intervalles, puis il gratte et travaille jusqu’à ce qu’il fasse ce qu’il veut… Il se porte garant que la caisse de résonance ne cassera pas et ne se fêlera pas. Lorsqu’il a terminé la caisse de résonance d’un piano, il l’expose à l’air, à la pluie, à la neige, au soleil et à tous les diables, pour qu’elle saute, puis il y colle des flipots de bois pour qu’elle résiste et tienne bien. Il est très heureux lorsqu’elle se fend, car on peut alors être sûr qu’il ne lui arrivera plus rien. Souvent même, il y fait lui-même des entailles qu’il recolle et la consolide bien… ». Le programme de ce Super Audio CD exceptionnel propose donc le Concerto pour Trois Pianos KV. 242, ainsi que le Concerto pour Deux Pianos KV. 365, dans sa version originale, mais aussi dans une version à l’orchestration différente avec Clarinettes, Trompettes et Timbales. Ronald Brautigam, Alexeï Lubimov et Manfred Huss, ce dernier dirigeant du piano le Haydn Sinfonietta Wien, forment un trio des plus inspirés où la poésie de toucher de chacun offre une lumière unique à ces partitions maintes fois entendues. L’osmose est alors parfaite pour un bonheur de chaque instant où l’équilibre général devient source d’admiration. Un très grand disque Mozart…
Jean-Jacques Millo Concertos for Two and Three PianosHere is a remarkable recording where artistic expression, one that opens new interpretive approaches, reaches new peaks. Here, the piano-forte is master of a universe in the making, and Mozart himself realized its importance when he wrote: “I must now speak about Stein pianos. Before having seen instruments built by the latter, Späth keyboards had my preference, but now I must favor Stein in that they never dampen the sound … I can play the notes as I desire, and the color will always be the same. It doesn’t shade, is neither too strong nor too weak, and vibrates whatever the touch. When he finished building such a piano, he sat and tried all kinds of passages, strokes and intervals, then continued scraping and working until it did what he wanted it to… He guaranteed that the sound box would not break or crack. When he completed the piano’s sound box, he exposed it to air, rain, snow, sun and other demons to make it break, then glued in wooden dutchmen so it resisted and held tight. He was quite happy when it split, as one could then be sure that nothing further would ever happen to it. Often, he even made notches himself that he resealed and consolidated. …” The program on this exceptional SACD is composed of the Concerto for Three Pianos KV. 242, as well as the Concerto for Two Pianos KV. 365 in its original version, but also in a different version orchestrated for clarinets, trumpets, and kettledrums. Ronald Brautigam, Alexeï Lubimov and Manfred Huss, who leads the Haydn Sinfoniette Wien from the piano, form an inspired trio where each player’s heartfelt poetry offers a distinctive light on these often-performed scores. The osmosis is therefore perfect for listening pleasure at each moment, wherein the overall balance becomes a source of admiration. A very great Mozart disc… Translation Lawrence Schulman Disponible sur | |
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