Opus Haute Définition e-magazine

Friedrich Gulda

So What ?!

Deutsche Grammophon 004400734376, Universal Distribution

DVD stéréo Dolby / DTS 5.1

Friedrich Gulda (né le 16 mai 1930 à Vienne et mort le 27 janvier 2000 à Steinbach am Attersee) était pianiste et claveciniste classique d'une part, et pianiste et compositeur de jazz d'autre part. Friedrich Gulda est considéré comme l'un des meilleurs pianistes classiques du XXe siècle à juste titre (mais pas de disco !), spécialiste du répertoire classique et romantique (Ludwig van Beethoven, Wolfgang Amadeus Mozart). Le documentaire So What ?! fait la part belle à la personnalité de Friedrich Gulda, personnalité étrange et controversée en dehors de ses récitals de musique classique. Sans doute le contexte de l’époque Beatnik joue à fond dans sa façon de vouloir tout bouleverser (le pathétique épisode Anima) et même s’il a beau s’en défendre, ce style de musique improvisée, sans règles est un cliché de cette époque. Tout comme l’entendre défendre le Paradise Dance party, en 1995, un spectacle disco, et le relier à Mozart (notamment par l’attitude positive et le sexe !) est doublement pathétique. Car ce qui est étonnant, c’est que la « révolte » de Friedrich Gulda dans cette volonté de tout casser, de faire valser les valeurs et de faire du relativisme plein pot, histoire de tout dissoudre, de faire copain-copain ainsi entre le côté adolescent de la pop et celui « aristocratique » de la musique classique est encore un cliché de cette époque qui a voulu casser tout système et toute hiérarchie pour placer les siennes évidemment. S’il est peu de dire que nous ne sommes pas sortis de cette période, c’est de plus totalement un contresens par rapport à la musique classique si structurée et si sensible que Friedrich Gulda jouait si bien par ailleurs. En dehors des interprétations qui agrémentent le DVD (celles au clavecin ne sont pas les plus réussies), le documentaire est somme toute révélateur des gouffres, des errements et du kitsch du siècle dernier en matière de rébellion.

Yannick Rolandeau

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