Le compositeur ukrainien Dimitri Bortnyansky fut un musicien « discret ». Des quelques 200 partitions qu’il a laissées, seuls ses chants sacrés sont aujourd’hui relativement connus. Elève du compositeur italien Baldassare Galuppi, Bortnyansky étudie à ses côtés, le clavecin et la théorie musicale tout en se perfectionnant pour le chant. Avec lui, dans la cité des Doges, il s’essaye à l’opéra « Créonte » avec un succès évident et poursuit dans cette voie avec deux autres œuvres lyriques, « Alcide et Quinto Fabio ». Avec cinq opéras, plusieurs concertos pour clavecin, de nombreux chants, plus d’une centaine de chorals, des concertos pour quatre voix et deux chœurs, des motets, des liturgies ainsi que des adaptations de cantiques russes, la musique du compositeur soviétique fut décrite ainsi en 1847 par Hector Berlioz : « Dans ses œuvres, on trouve une rare expérience du groupement des masses vocales, une prodigieuse entente des nuances, une harmonie sonore et, chose surprenante, une incroyable liberté dans la disposition des parties, un mépris souverain des règles respectées par ses prédécesseurs comme par ses contemporains et surtout par les italiens dont il est censé être le disciple » L’enregistrement qui nous occupe aujourd’hui, baptisé The Italian Album, regroupe l’ouverture de l’opéra « Il quinto Fabio » avec deux arias du même opéra, quatre motets, une Canzonetta et une fugue. Magnifiquement défendu par l’ensemble Pratum Integrum Orchestra, ces pièces nous donne le réel désir de redécouvrir un compositeur peut-être un peu trop sous estimé. Côté prise de son, ce Super Audio CD stéréo ou multicanal fait montre d’un bel équilibre naturel de restitution des différents plans sonores.

Jean-Jacques Millo