Les Gurrelieder d’Arnold Schoenberg virent le jour au début du 20ème siècle alors que Gustav Mahler en était à sa quatrième symphonie. Avec un effectif orchestral et choral colossal comportant notamment cinq voix solistes, trois chœurs d’hommes à 4 voix et un chœur mixte à 8 voix, 8 flûtes, 3 hautbois, 2 cors anglais, 7 clarinettes, 3 bassons, 2 contrebassons, 10 cors, 6 trompettes, 7 trombones, 6 timbales, des cymbales, un triangle, un glockenspiel, une caisse claire et une grosse caisse, un xylophone, un tam-tam, 4 harpes, 1 célesta, l’œuvre prend l’apparence d’une immense fresque racontant la passion amoureuse contrariée du roi du Danemark Waldemar IV Atterdag et de Tove Lille. Construite sur des vers du poète danois Jens Peter Jacobsen (1847-1885) la partition fut créée à Vienne en 1913 sous la direction de Franz Schreker. Cependant, la composition se fit en deux phases distinctes et comme le dit Schoenberg lui-même : « Il faut bien se rendre compte que la partie orchestrée en 1910 et 1911 est d’un style instrumental tout autre que la première et la deuxième parties. Je n’avais pas l’intention de le dissimuler. Bien au contraire. Il va de soi que dix ans plus tard j’aie instrumenté tout autrement. En mettant au net la partition, je n’ai retravaillé que de rares passages. Tout le reste (y compris certaines choses que j’aurais préféré changer) a été conservé dans son état initial. Je n’aurais pu retrouver ce même style, et tout connaisseur de quelque compétence devrait immédiatement déceler les quatre ou cinq passages modifiés. Ces modifications et corrections m’ont donné plus de travail qu’autrefois la composition tout entière ». Première sur support SACD, la version que nous offre Michael Gielen est d’une construction irréprochable. A la fois analytique et lyrique, sa vision combine à merveille la poésie romantique de Jacobsen et les détails d’une partition foisonnante. Soutenu par des chanteurs et des chœurs engagés, Gielen place son discours sur des sommets interprétatifs bienvenus. Voici donc des Gurrelieder exploitant parfaitement la technologie du multicanal pour un bonheur de chaque instant.
Jean-Jacques Millo Arnold Schoenberg composed his Gurrelieder at the beginning of the 20th century when Gustav Mahler was at his fourth symphony. With a colossal orchestra and chorus that includes 5 vocal soloists, 3 male choruses for 4 voices and a mixed chorus for 8 voices, 8 flutes, 3 oboes, 2 French horns, 7 clarinets, 3 bassoons, 2 contrabassoons, 10 horns, 6 trumpets, 7 trombones, 6 kettledrums, cymbals, a triangle, a glockenspiel, a snare drum and a big drum, a xylophone, a tam-tam, 4 harps, and 1 celesta, the work takes on the appearance of an immense fresco depicting Danish king Waldemar IV Atterdag’s thwarted amorous passion for Tove Lille. Built on the verses of Danish poet Jens Peter Jacobsen (1847-1885), the score was created in Vienna in 1913 under the direction of Franz Schreker. However, the composition of the work took place in two distinct phases, and as Schoenberg himself stated: “One has to realize that the part orchestrated in 1910 and 1911 is orchestrated quite differently from the first and second parts. I had no intention of hiding it. Quite the contrary. It is obvious that ten years later I was orchestrating quite differently. By tidying the score, I only reworked a few passages. Everything else (including things I would have preferred to change) was kept in its initial state. I would not have been able to go back to the same style, and any music lover of any competence should be able to immediately detect the four or five changed passages. These modifications and corrections gave me more work than the whole earlier composition.” For the first time on SACD, Michael Gielen’s version is irreproachably constructed. Both analytical and lyrical, its vision marvelously combines Jacobsen’s romantic poetry and the details of an abounding score. Backed by committed singers and chorus, Gielen puts his discourse on high interpretive summits. Here then are the Gurrelieder that perfectly take advantage of multi-channel technology and are a pleasure at each moment.
Translation Lawrence Schulman Disponible sur | |
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