Opus Haute Définition e-magazine

Franz Schubert

Quatuor D. 810 « La Jeune Fille et la Mort » (arr. Gustav Mahler). Sonate « Arpeggione » D. 821

Michal Kanka (violoncelle). Praga Camerata. Pavel Hula (direction)

Praga Digitals PRD 250.246, Harmonia Mundi Distribution

Super Audio CD hybride stéréo/multicanal

Voici deux œuvres très connues de Franz Schubert mais proposées ici dans un “écrin” différent et rarement offert. Le Quatuor à cordes « La Jeune Fille et la Mort » dans la transcription pour orchestre que fit Gustav Mahler devient tout à coup une sorte de grande méditation poétique et rend justice à son génie sans occulter la profondeur de l’œuvre de Schubert. Car comme le souligne Pierre-Emile Barbier, les transcriptions de Gustav Mahler « lui permettaient de proposer sa conception de partitions qui lui restaient inaccessibles en tant que pianiste. Il avait lui-même affirmé que l’impact sonore du Quatuor de Schubert, comme celui de Beethoven (op. 95) qu’il transcrivit de manière plus précise, manquait d’ampleur et que seul un élargissement à l’orchestre à cordes pouvait leur donner à la fois puissance, noblesse et vie profonde. Ces chefs-d’œuvre prenaient ainsi « une autre dimension » ». Le Praga Camerata dirigé par Pavel Hula offre, dans cet enregistrement en pur DSD, d’une beauté de timbres confondante, une admirable vision de la partition de Schubert. A la fois frémissant, coloré et passionné, le jeu des musiciens de Prague offre la plus lumineuse des architectures, édifiée par des phrasés au cœur desquels les respirations se parent d’évidence. Tout ici semble à la fois serein et habité. Un moment de grâce unique. La Sonate « Arpeggione » enregistrée ici pour la première fois avec violoncelle et orchestre à cordes n’atteint pas cet enchantement et laisse un peu sur sa faim. Malgré le violoncelle de Michal Kanka déployant un discours musical d’une belle sensualité, la transcription pour orchestre à cordes ne parvient pas à convaincre totalement. Mais tout cela n’est qu’affaire de détails car ce SACD remarquable est néanmoins indispensable, et tous les amoureux de Schubert ainsi que ceux qui le sont moins ne sauraient s’en passer.

Jean-Jacques Millo

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