La Dame de pique est un opéra dont le livret signé par Modest Ilitch Tchaïkovski, le frère du compositeur, est basé sur la nouvelle d'Alexandre Pouchkine. Structurée comme un conte, l’histoire met en scène des personnages aux traits empruntés au théâtre populaire. A Saint-Petersbourg, un jeune officier allemand, pauvre et ambitieux, Hermann, est amoureux d'une jeune fille russe, Lisa. Celle-ci est élevée sous la tutelle d'une riche vielle tante. Lors d'une promenade dans un parc, Hermann apprend la légende qui entoure la fortune de la tante : ayant vécu une partie de sa jeunesse en France elle tenait sous son charme la cour du régent. C'est là qu'elle rencontra le comte de Saint-Germain qui s'est épris d'elle et lui a confié le secret des « trois cartes ». Les jouer, c'est s'assurer la fortune. Abusant de ce secret, elle vit une nuit une apparition qui lui lança cet avertissement : le troisième homme à qui elle confiera le secret des trois cartes serait pour elle synonyme de mort. Apprenant cette légende, Hermann y voit un moyen de devenir riche et de pouvoir épouser celle qu'il aime. Il apprend cependant par la même occasion qu'il a un rival… Enregistré en mai 2005 à l’opéra national de Paris, cette version se passe chez les fous. La transposition est un peu abusive. La névrose du jeu n’est pas la folie tout de même. Si parfois le spectacle est assez habile notamment dans une direction d’acteur et une captation assez intenses, les décors sont en revanche assez hideux (les statues gréco-romaines en plâtre). La direction d’orchestre de Rojdestvensky est par contre d’une lenteur effrayante qui dilue l’œuvre au-delà de toute raison. Les interprètes s’en sortent avec un certain panache, notamment Vladimir Galouzine en Hermann, Tézier en Yeletsky ou Hasmik Papian en Lisa, voire même Irina Bogatcheva en comtesse. Voilà donc une interprétation qui comporte des forces mais sans doute trop de faiblesses pour emporter l’adhésion.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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