Opus Haute Définition e-magazine

G. F. Haendel

Giulio Cesare

Andreas Scholl, Inger Dam-Jensen, Randi Stene, Tuva Semmingsen, Christopher Robson. Concerto Copenhagen. Lars Ulrik Mortensen (dir)

Harmonia Mundi 2055538, Harmonia Mundi Distribution

2 DVD stéréo / DTS

À la fin de l'année 1710, Haendel part pour Londres, où il connut, avec Rinaldo (1711), un second triomphe à l'opéra. De retour à Hanovre, il obtint la permission d'un deuxième court voyage à Londres. En 1714, l'Électeur de Hanovre, fut couronné sous le nom de George Ier d'Angleterre. La pension de Haendel doubla ; il devint précepteur des enfants du roi. En 1717, il composa pour le roi George Ier la Water music pour une fête nautique. Sous la protection du duc de Chandos, il composa l'oratorio sacré Esther, l'oratorio profane Acis et Galatée (1718), des motets (1717-1720). En 1719, Haendel fut nommé Master of Music à la toute jeune Royal Academy of Music. C'est sous son égide qu'eurent lieu ses plus grands opéras : Radamisto (1720), Jules César (1724), Tamerlan (1724) et Rodelinda (1725). Dans un coffret magnifique, d’un soin éditorial irréprochable, nous assistons à une représentation donnée du 14 au 20 mars 2005 de l’opéra de Haendel. Cependant c’est une version très particulière. En effet, il est toujours difficile de comprendre pourquoi d’un côté, on opte pour un orchestre baroque, voulant ainsi retrouver soi-disant les sonorités d’antan, et de l’autre, pour faire le choix d’une mise en scène archi-contemporaine avec, comme ici, en guise d’uniformes classiques, une stylisation qui frise l’esthétisme (voir la façon dont Cléopâtre est habillée et maquillée avec un pantalon blanc, un tee-shirt blanc etc.). Le tout est encadré par une mise en scène qui joue sans cesse sur le décalage (voir la scène avec Cléopâtre raille Ptolémée qui se dandine, lui aussi tout vêtu de blanc) avec un côté Guerre du Golfe assez pénible et quasi académique car tellement attendu si on opte pour ce choix contemporain. La confrontation des deux univers, outre la contradiction interne qui les anime, ne donne jamais une représentation franchement satisfaisante, surtout quand on appuie tant sur la mise en scène par des effets modernistes ou des décalages constants. C’est lassant. S’il n’y a pas de suppléments ici pour expliquer quoi que ce soit, si tant est qu’on en ait besoin, le problème est donc, comme à l’accoutumée, un divorce entre une interprétation satisfaisante et un décor et une mise en scène qui jurent par rapport au reste. Ici, avouons-le, on a bien du mal à suivre l’œuvre dans toute sa plénitude (ou avec un peu de sérieux). Si Andréas Scholl s’en sort avec les honneurs, Inger Dam-Jensen incarne une Cléopâtre bien peu crédible, de même pour Randi Stene en Cornélia ; Christopher Robson est un Ptolémée incompréhensible dans le rôle. Reste un remarquable Sesto (Tuva Semmingsen) et un non moins remarquable Achilla (Palle Knudsen). On a plutôt l’impression d’une incompréhension entre un magnifique opéra de Haendel et une mise en scène inadaptée.

Yannick Rolandeau

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