La première représentation de Didone eut lieu à Venise, au théâtre Tron di San Cassiano, au cours du carnaval de 1641, le 1er mars. Le manuscrit, incomplet, issu d'une collection privée de Marco Contarini, conservée à la Biblioteca Marciana de Venise, contient le texte, les parties chantées, la basse, ainsi que quelques ritournelles. Le livret est inspiré du Livre IV de l'Énéide, ainsi que de deux tragédies italiennes du XVIe siècle, les Didone de Giraldi Cinthiuo et de Ludovico Dolce. Il se termine sur un retournement de situation, le lieto fine du mariage de Didon et de Iarbe. C’est la troisième œuvre du Cavalli et l’influence de Monteverdi est décelable dans l’écriture et l’esthétique. L’histoire emprunte donc à la tragédie grecque : Creuse et Ascagne tentent en vain de dissuader Enée de continuer à combattre pour défendre la ville. Cassandre nargue Pyrrhos qui la menace. Corebo intervient pour la défendre et met Pyrrhos en fuite, mais, lui-même mortellement blessé, expire dans les bras de Cassandre. Celle-ci se lamente. Vénus ordonne à Enée de quitter Troie. Celle-ci décide sa famille - son père Anchise, son épouse Creuse et son fils Ascagne - à obéir aux dieux. Creuse, retournant dans la maison pour emporter quelques bijoux est tuée par des Grecs. Hécube se lamente de la mort de son époux, le roi Priam, et de la chute de Troie. Cassandre lui reproche de ne pas l'avoir écoutée. Hécube décide de mourir avec elle. L'Ombre de Creuse dit adieu à Enée, en recommandant de prendre soin de leur fils, à qui est promise la couronne d'Italie. Vénus demande à la Fortune de favoriser le voyage d'Enée vers l'Italie. Fortune promet qu'Enée arrivera rapidement les rivages d'Afrique… dès le début de cette représentation, nous sommes saisis : la représentation de Fabio Bondi est franchement « ascétique », faite avec le minimum de moyen semble-t-il. On a même du mal à s’y faire. Pour être dépouillé, c’est dépouillé. Sans être exceptionnelle, elle force toutefois l’admiration car les interprètes parviennent quelquefois à atteindre le sublime d’autant que l’œuvre est difficile, très difficile même vocalement. Le Iarbe de Jordi Domenech et l'Enée charmante de Magnus Staveland sont remarquables et crédibles dramatiquement malgré quelques petites erreurs de diction. Dans le rôle de Didon, Claron McFadden ne manque pas de sauvagerie. Fabio Biondi, malgré une direction un peu sèche, s’en tire plutôt bien et le DVD se laisse voir sans ennui. Une œuvre en tout cas à découvrir.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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