Opus Haute Définition e-magazine

Wolfgang Amadeus Mozart

Don Giovanni

Johannes Weisser. Lorenzo Regazzo. Alexandra Pendatchanska. Olga Pasichnyk. Kenneth Tarver. Sunhae Im. Nikolay Borchev. Alessandro Guerzoni. Rias Kammerchor. Freiburger Barockorchester. René Jacobs (direction)

Harmonia Mundi HMC 801964.66, Harmonia Mundi Distribution

3 Super Audio CD hybrides stéréo/multicanal

Que ce soit pour Cosi Fan Tutte, les Noces de Figaro ou la Clémence de Titus, le Mozart selon Jacobs est avant tout placé sous le signe de la vie. Vie de l’action, vie du drame, incarnation vivante des personnages, tout semble en perpétuel mouvement pour une lecture musicale des plus fines et enthousiasmantes. Don Giovanni n’échappe pas à ce traitement et le résultat en est encore plus probant. Car, comme le souligne le compositeur Henry Barraud dans son remarquable ouvrage « Les cinq grands opéras » : « Dans l’immensité de la littérature du théâtre lyrique, il y a un petit nombre de chefs-d’œuvre qui, par leur perfection formelle, par leur rayonnement, par l’unanimité de l’hommage qui monte vers eux des plus lointains horizons du temps et de l’espace, par l’influence qu’ils ont exercée sur l’évolution de la musique, échappent au relatif pour atteindre à un absolu presque inconcevable pour nous s’ils n’étaient là pour nous en offrir l’image ». Le Don Giovanni selon Jacobs pose une lumière unique sur tout cela. Sur la perfection formelle du drame de Mozart, sur son rayonnement mais également sur une maîtrise dramatique portée par des phrasés et un sens naturel de la respiration d’une rare évidence. La vie est donc bien au rendez-vous et tous les chanteurs en présence y participent avec chaleur et humanisme. Johannes Weisser dans le rôle titre, Lorenzo Regazzo dans celui de Leporello, la Donna Elvira d’Alexandrina Pendatchanska, la Donna Anna d’Olga Pasichnyk, Kenneth Tarver dans Don Ottavio, Sunhae Im dans Zerlina ou encore le Masetto de Nikolay Borchev et le Commandeur d’Alessandro Guerzoni, sont à saluer pour une interprétation qui fera date. Sans oublier bien évidemment un chœur d’une exceptionnelle clarté. Car à quoi bon se voiler la face. Le Don Giovanni de René Jacobs, avec sa verve et son ardeur, sa sagesse et son charisme, est un monument construit à l’aune du siècle nouveau qui sera toujours présent dans nos mémoires comme une référence vivante. Incontournable et unique.

Jean-Jacques Millo

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