Il Cimento dell’Armonia e dell’Inventione (Le Combat de l’Harmonie et de l’Invention) d’Antonio Vivaldi regroupe une douzaine de concertos dont les célèbres « Quatre Saisons ». La partition fut publiée en 1725 à Amsterdam. Cet opus 8 est fort célèbre et fit beaucoup pour la notoriété du compositeur italien. Mais comme le disent justement Claude et Jean-François Labie dans leur biographie « La popularité des concertos de l’opus 8 ne doit rien au hasard. Les auditeurs sentent qu’ils sont au sommet d’un art consommé. Ce pur produit du 18ème siècle est l’expression d’une philosophie de la Nature, la précision des images s’appuie sur des codifications rigoureuses. Cette musique offre deux portraits, celui d’une ville, celui d’un homme. On ne peut séparer Vivaldi et Venise. La ville décor se reflète dans ces concertos. La conversation d’un soliste et d’un orchestre répète, en d’incessantes variations, le même dialogue spirituel et amoureux qu’anime une constante légèreté. Ville aquatique, Venise ne s’appesantit jamais ; comme les vedute des peintres, le concerto vivaldien est jeu de lumières et de couleurs. La fébrilité de leur impulsion rythmique, leurs contrastes colorés donnent la réplique au scintillement chatoyant des Guardi et des Tiepolo. Les concertos de Vivaldi sont également un admirable portrait de leur auteur. Ils dessinent le mouvement d’un homme en perpétuel déplacement, avec sa hâte, la variété de son imagination, ses élans, la liberté de son geste. Partout apparaît cette exubérance naturelle qui fait de ce prestolet roux et malingre un volcan musical permanent. L’écriture même du compositeur dénonce la puissance d’invention, la spontanéité du jaillissement, la bousculade des idées et des notes qui se précipitent dans un apparent désordre ». Le violoniste Stefano Montanari, Ottavio Dantone et l’Accademia Bizantina offrent, dans cet enregistrement datant de l’année 2000, la parfaite illustration de ce qui vient d’être cité. Certes, leurs « Quatre Saisons » peuvent paraître déroutantes aux oreilles des puristes, mais l’invention musicale est bien là au rendez-vous et le bonheur est total, lorsque timbres, coloris et rythmes se conjuguent dans un tout vibrant et passionné. Une belle vision de l’opus 8 de Vivaldi.
Jean-Jacques Millo |