Couplée avec la dernière œuvre du compositeur russe, Danses Symphoniques, la partition des Cloches fut composée en 1913 d’après un poème d’Edgard Allan Poe. Rachmaninov était particulièrement fasciné par le son des cloches et son œuvre témoigne d’une belle inspiration. Comme le dit Jacques-Emmanuel Fousnaquer dans sa biographie du compositeur : « Il est des œuvres heureuses, composées dans l’ivresse – la 8ème Symphonie de Mahler, par exemple. Les Cloches sont de celles-là. Mahlérienne, l’œuvre l’est assez, par les moyens qu’elle requiert, bien sûr (chœur, solistes homme et femme en alternance, orchestre), et parfois par sa facture. Comment le solo de cor anglais de la dernière partie ne ferait-il pas penser au solo de hautbois du Chant de la Terre (dont Bruno Walter avait assuré la création posthume un an plus tôt) ? Un rien de Strauss, aussi : la pâte orchestrale soulève une nouvelle fois la question de l’éventuelle influence du maître de Garmisch. Rachmaninov tenait Les Cloches pour sa meilleure œuvre : parole d’expert. C’est en effet une œuvre admirable, gorgée de vie, qu’on aime pour ce qu’elle offre, autant que pour ce qu’elle tient en réserve ». A la tête d’un chœur magnifique à la puissance évocatrice indéniable, de solistes inspirés et d’un orchestre qui ne l’est pas moins, Semyon Bychkov nous offre une vision flamboyante des Cloches. Le dramatisme qu’il imprime à la partition reflète bien l’urgence de la vie face à la mort qui hantait le compositeur. Une belle réussite, malgré des Danses Symphoniques moins inspirées.
Jean-Jacques Millo Disponible sur | |
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