Opus Haute Définition e-magazine

G. Verdi

Le Trouvère

Carl Tanner, Iano Tamar, Mariane Cometti. Thomas Rosner (dir)

Opus Arte OA 0974 D, Codaex Distribution

DVD stéréo / DTS

Le Trouvère est un opéra en quatre actes sur un livret de Salvatore Cammarano, d'après le drame espagnol d'Antonio García Gutiérrez. Il fut créé au Teatro Apollo, à Rome, le 19 janvier 1853. Il fut représenté à Paris, dans sa version italienne, le 23 décembre 1854, au Théâtre-Italien, puis, en 1857 à l'Opéra de Paris dans sa version francisée (livret d'E. Pacini). L'action se situe au nord de l'Espagne dans l'Aragon, au XVe siècle. L’intrigue peut se résumer à une histoire de rivalité amoureuse doublée d’une vengeance familiale. Manrico et le comte de Luna aiment la même femme, Leonora sans savoir qu’ils sont frères. Leonora aime le mystérieux chevalier qui vient lui donner la sérénade sous sa fenêtre et qui se révèle être Manrico, le fils (prétendu) de la bohémienne Azucena. Ayant vu jadis sa mère tuée par le comte de Luna père, cette dernière s’est vengée en enlevant l’un de ses deux enfants. Leonora est sur le point de prendre le voile, quand le comte de Luna et ses hommes tentent de l’enlever, mais Manrico et sa troupe, s’interposant, l’emmènent. Manrico et Leonora, réfugiés dans un château, y célèbrent leur mariage, quand on leur apprend qu’Azucena a été capturée par les assiégeants menés par le comte de Luna et que celui-ci s’apprête à la livrer au bûcher. Manrico, en tentant de la sauver, est capturé à son tour. Leonora se dit prête à se donner au comte, pour sauver Manrico, et absorbe auparavant un poison ; elle expire avant d’avoir pu faire délivrer son mari que Luna fait exécuter sous les yeux d’Azucena. Elle lui révèle alors qu’il a tué son propre frère et se dit enfin vengée. Le manque d’imagination étant sans limites, cette production prend place avec une usine pétrochimique rouge comme décor dû à Paul Steinberg tandis que la mise en scène est de Robert Carsen. Quel rapport me direz-vous avec le XVe siècle initial ? Aucun. Encore moins avec des hommes tenant des mitraillettes… Dans une note, le metteur en scène tente de justifier une telle laideur en indiquant que « L’industrie pétrochimique représente sombrement le symbole destructeur de notre époque : elle s’auto-consume petit à petit tandis que l’avidité quelle suscite ne cesse d’entretenir des guerres. » et alors ? Quel rapport avec le texte initial ? Aucun. Le tout est d’un grotesque achevé. Et bien sûr, on pourrait justifier tout et n’importe quoi en pondant un texte pour cela. C’est juste que Robert Carsen voulait une nouvelle fois faire parler de lui. Juger les interprètes devient alors ardu devant un tel massacre visuel, mais dans l’ensemble, ils sauvent l’honneur.

Yannick Rolandeau

Disponible surCodaex
Visuel