Opus Haute Définition e-magazine

Dimitri Chostakovitch

Symphonie n° 8

Netherlands Radio Philharmonic Orchestra, Mark Wigglesworth (direction)

BIS 1483, Codaex Distribution

Super Audio CD hybride stéréo/multicanal

La composition de cette œuvre inspirée remonte à l’année 1943, en plein cœur d’une guerre dont les horreurs sont dans toutes les mémoires. Le compositeur russe Dimitri Chostakovitch créa sa huitième symphonie la même année, quelques mois à peine après son écriture. Le chef d’orchestre Evgeni Mravinski était au pupitre pour assurer la direction d’une partition sombre et déchirante. Chostakovitch s’en expliquait ainsi : « J’ai voulu recréer le climat intérieur de l’être humain assourdi par le gigantesque marteau de la guerre. J’ai cherché à relater ses angoisses, ses souffrances, son courage et sa joie. Tous ces états psychiques ont acquis une netteté particulière, éclairés par le brasier de la guerre ». Avec un orchestre symphonique de la radio néerlandaise plus sobre que passionné, Mark Wigglesworth appréhende la vaste partition comme une litanie funèbre d’une rare noirceur. Sous sa baguette, le chant se fait suffocant. Privilégiant une narration centrée sur une ligne dramatique efficace plus que sur l’émotion, il demeure sourd aux sentiments évoqués par le compositeur lui-même. Sa vision de l’œuvre devient alors une mise en perspective des plans sonores où la froideur plus que l’angoisse semble régner. Avec des tempos assez lents Mark Wigglesworth s’enlise alors dans un silence inhabité. Cela dit, le niveau de gravure très bas n’aide pas non plus le propos du chef. C’est bien dommage car dans une telle optique interprétative, le miracle aurait pu se produire. Une déception.

Jean-Jacques Millo

Visuel