Alfred Cortot, grand pianiste s'il en fut, disait à propos de la musique pour piano de Maurice Ravel : "D'une manière générale, l'ingéniosité pianistique s'affirme chez Ravel plus diverse et plus caractéristique que chez Debussy. Elle tend à aviver les rythmes, à accuser les reliefs et les saillies d'un discours musical essentiellement mobile et vivant. Elle s'inspire davantage de l'orchestre, oppose des timbres, des valeurs, des volumes. Elle revêt l'organisme sonore d'un réseau de nerfs au jeu souple et volontaire. Et, tout en conservant une transparence parfaite, elle se manifeste avec un caractère de densité plus marquée". Le pianiste français Philippe Bianconi, dans cette intégrale enregistrée en public au Théâtre National de Marseille la Criée, et en pur DSD, restitue pleinement cette démarche au cœur d'une vision intériorisée menant vers une approche à la fois sombre et vivante. Son interprétation toute d'ombres et de lueurs, est d'une allure, d'une distinction, d'une noblesse de ton incomparables. Sous ses doigts inspirés, cette somme offre une vision des plus personnelles, complémentaire de ce que nous connaissions jusqu'alors. La prise de son d'une extrême précision donne également à l'instrument une vérité de timbre rare. Assurément une belle surprise à ne pas manquer.

Jean-Jacques Millo

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