Aujourd'hui, lorsqu'on évoque Carl Czerny, c'est avant tout le travail du pédagogue qui vient à l'esprit. Mais ce maître du clavier (1791-1857) sut très tôt, grâce à son père, appréhender la musique dans toute sa variété expressive, comme en témoigne sa biographie : "La musique m'entoura déjà alors que j'étais encore au berceau puisqu'à l'époque mon père travailla assidûment (surtout les œuvres de Clémenti et de Mozart, Kozeluch etc.) alors que de nombreux amis musiciens tels que Wanhall, Gelinek, Lipavsky etc. Lui rendirent visite (...) Puisque mon père s'était forgé un jeu excellent par l'étude des œuvres de Bach et de Clémenti, celui-ci avait une bonne influence sur mes propres efforts, alors que mon père, dont le dessein était à cent lieues de vouloir faire de moi un concertiste superficiel, veillait constamment à développer mes capacités de la lecture à vue et mon sens musical, en me faisant travailler sans cesse de nouvelles partitions. Aussi n'était-il point étonnant que je sus, âgé à peine de dix ans, jouer par cœur et avec une grande dextérité presque tout Mozart, Clémenti et d'autres compositeurs célèbres à l'époque ". Jouant sur un piano-forte datant de 1805, Christoph Hammer nous livre ici un magnifique florilège d'œuvres peu enregistrées. Dans une prise de son exemplaire, "les Variations op. 12", ainsi que "l'Introduction, Variations brillantes et Rondo de Chasse op. 202", "la Fantaisie op. 27" et la "Première Sonate en la bémol majeur op. 7" offrent l'image d'un compositeur virtuose et inspiré. Le Jeu à la fois puissant et équilibré de Christoph Hammer redonne ainsi à Carl Czerny ses lettres de noblesse. Voici donc une édition bienvenue pour comprendre l'art d'un grand artiste.

Jean-Jacques Millo

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