Opus Haute Définition e-magazine

M. Theodorakis.

The very best of Mikis Theodorakis

Terra Musica 2701, Intégral Distribution

DVD stéréo

Auteur d’une œuvre importante (musique de scène, musique de chambre, musiques de films, opéras, ballets, hymnes, symphonies, cantates et oratorios, Lieder, chansons, cycles de chansons) Mikis Theodorakis (né sur l’île de Chios en Grèce) n’est pas un compositeur aussi connu que cela. Sa vie est fort mouvementée et mérite d’être relatée. Après la Libération, il entre dans la lutte contre la prise de pouvoir par les forces contre-révolutionnaires qui engendre la guerre civile en Grèce de 1945 à 1949. Arrêté plusieurs fois, Theodorakis est si violemment battu par la police lors d'une manifestation, le 26 mars 1946, qu'il est tenu pour mort et transporté à la morgue. Déporté une première fois en 1947 sur l'île d'Icarie, il est transféré en 1948 à Macronissos. Torturé et deux fois enterré vivant, Theodorakis sort de cet enfer grâce à son père et à des camarades d'infortune. Musicalement, en 1950, il fait ses examens au Conservatoire et obtient son diplôme en harmonie, contrepoint et fugue. Theodorakis s'inscrit au Conservatoire de Paris dans les cours d'Eugène Bigot et d'Olivier Messiaen. Sur le cycle de poèmes de Yánnis Rítsos, il écrira Epitaphios, l'œuvre avec laquelle il créera la renaissance de la musique grecque et suscitera une révolution culturelle dans sa patrie. A l’assassinat du docteur Grigoris Lambrakis (« Z »), Theodorakis prendra la tête de la Jeunesse Démocratique Lambrakis qui deviendra avec 50 000 adhérents, la plus forte organisation politique en Grèce. Mikis est élu au parlement et, avec les Lambrakidès, il fonde plus de deux cents centres culturels dans son pays. Il compose œuvre sur œuvre, en utilisant les plus beaux textes de la littérature grecque des XIXe et XXe siècles. Le coup d'État du 21 avril 1967 du colonel Yeóryos Papadópoulos oblige Theodorakis à entrer en clandestinité. Arrêté le 21 août 1967, il est plus tard placé en résidence surveillée à Vrachati, puis banni avec sa famille à Zatouna, déporté au camp de concentration d'Oropos et exilé, à la suite de plusieurs campagnes internationales de solidarité initiées par Dimitri Chostakovitch, Leonard Bernstein, Arthur Miller. Rentré triomphalement en Grèce, le 24 juillet 1974, Theodorakis est la cible des attaques de la Gauche, parce qu'il plaide pour Constantin Caramanlis et un passage en douceur vers la démocratie. En 1980, il s'exile à Paris. En 1981, Theodorakis est de nouveau élu au Parlement grec comme député et abandonne son mandat en 1986 pour se consacrer à son œuvre musicale. Après les élections d'avril 1990, Mikis entre dans le gouvernement de Constantinos Mitsotakis comme ministre d'État sans portefeuille. Bref, quelle vie ! Et encore j’ai abrégé. Le documentaire de 90 minutes, hélas, s’il donne la voix au compositeur, reste plus centré sur sa vie politique que sur son œuvre dont on entend peu de choses en vérité. C’est bien dommage. On pensait tout de même faire plus ample connaissance avec la musique du compositeur (ce pourquoi il est connu tout de même) plutôt qu’avec le compositeur lui-même (et encore sous un certain angle). Certes, le compact disque accompagnant le DVD en fait entendre un peu plus mais guère assez pour nous donner une idée plus large et plus précise du talent de cet artiste à la vie digne d’un roman.

Yannick Rolandeau

Disponible surIntegralmusic.fr
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