Si Dvorak est un compositeur fort connu, son Requiem, lui, reste une œuvre laissée un peu dans l’ombre. Il est vrai que son Requiem est une œuvre étrange, aux contours indiscernables et aux lignes de force assez impalpables. A sa décharge, il faut dire qu’il s’agit d’une œuvre que l’on fait plus de découvrir qu’approfondir. Nous voici en tout cas dans la Cathédrale St-Vitus de Prague en 1988 (visiblement car on ne donne guère plus de détails) avec le grand chef d’orchestre tchèque Vaclav Neumann (1920-1995) et l’orchestre philharmonique tchèque. On a donc mis les petits plats dans les grands. Dans une image sonore un peu étriquée (on faisait nettement mieux à cette époque tout de même), limitant les possibilités du chœur et de son impact, le chef s’en sort cependant excellemment bien même si l’on a une impression générale un peu compassée. La tonalité pour tout dire reste assez aléatoire, notamment les transitions où l’on a l’impression d’un léger laisser-aller, créant une atmosphère assez pesante et même carrément inerte par instants. A part ces quelques menus défauts, le chœur est magnifique et les solistes Gabriela Benackova, Ida Kirilova, Josef Protschka, Ludek Vele en très grande forme, avec des voix claires et expressives. Un DVD qui aura peu de concurrent dans le domaine pour faire découvrir un Requiem assez méconnu, mais dont la rivalité est plus sérieuse en CD avec les versions de Karel Ancerl et Istvan Kertesz notamment.

Yannick Rolandeau

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