Voici des documents d’archive tournés en 1970 par la télévision italienne, la fameuse RAI. Il s’agit de deux concerts donnés par le chef d’orchestre Sergiu Celibidache (1912-1996), sorte de légende due à son grand talent mais aussi à son refus constant des enregistrements en studio et avec des séances de répétition à n’en plus finir. Ici, il interprète deux œuvres assez difficiles, la cinquième symphonie de Serguei Prokofiev et le poème symphonique, Mort et transfiguration de Richard Strauss. Si le chef d’orchestre ironisait souvent sur le travail de Herbert Von Karajan, il ne parvient pas ici dans ce concert à égaler l’interprétation du chef d’orchestre autrichien dans la très belle et fort étrange symphonie de Prokofiev (chez Deustche Grammophon). Il est vrai que la prise de son mono et assez étriquée, couplée à une image en noir et blanc assez basique, ne sont pas à son avantage. Cependant, l’œuvre de Prokofiev souffre d’une lenteur étonnante et d’un manque de vigueur surprenante pour qui connait la vigueur et le lyrisme du compositeur russe. Sergiu Celibidache semble en revanche plus à son aise avec Richard Strauss. Il parvient à faire se surpasser le modeste Orchestre symphonique di Torino della Rai qui n’a pas évidemment les voluptés des plus grands orchestres comme ceux de Vienne et de Berlin… Avec un peu moins d’embonpoint et de cheveux qu’à la fin de sa vie, le lion Sergiu Celibidache réussit néanmoins une belle prestation, mais pas autant que sa légende le laisse supposer.

Yannick Rolandeau

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