Créée en 1904 sous la direction du compositeur, la célébrissime cinquième symphonie de Gustav Mahler inaugure une trilogie purement instrumentale dans laquelle le lied semble ne pas avoir sa place. Mais est-ce aussi simple ? Dans son remarquable ouvrage sur Mahler, Jean Matter nous dit : "Il reste que le recours au seul instrumental ne signifie pas la mise en congé définitive du chant, mais la preuve que l'un lui est aussi nécessaire que l'autre, ce qui lui permettra désormais d'établir dans son œuvre un irrécusable principe d'alternance. Pour la durée de deux nouvelles symphonies, de plus grande ampleur encore, il en sera comme de la cinquième". Tiré de l'intégrale des années soixante-dix, l'enregistrement de Bernard Haitink à la tête du Royal Concertgebouw Orchestra d'Amsterdam possède, aujourd'hui encore, des atouts indéniables. Une mise en place des pupitres exemplaire, un dosage de la dynamique qui ne l'est pas moins, ainsi que des phrasés charpentés au souffle puissant, sans pathos. Bref, un témoignage à redécouvrir que le traitement sonore de la technologie DSD rend encore plus vivant que tous les reports CD existants.

Jean-Jacques Millo

Disponible sur