On croyait l'architecture des œuvres de musique classique à l'abri de la philosophie du déconstructivisme, et bien non, le pianiste Olli Mustonen s'en fait l'ardent défenseur dans cet enregistrement, pour le moins dérangeant, des deux premiers concertos pour piano et orchestre de Beethoven. Tout est ici passé à la loupe d'un modernisme déplacé qui n'a pas lieu d'être. L'agacement est alors total lorsque les accents ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes, que l'articulation ressemble à un souffle d'asthmatique et que le discours musical se perd dans une architecture façon puzzle. Une telle vision qui se veut probablement intellectuelle laisse un goût amer, voire douteux dans l'esprit du mélomane habitué à ces compositions immortelles. Mais même en y prêtant un quelconque intérêt, cette interprétation, n’offrant que des phrasés aux ailes brisées, ne parvient pas à trouver le chemin du cœur et encore moins celui de l’émotion. Dirigeant du piano le Tapiola Sinfonietta, Olli Mustonen nous plonge alors dans un abîme de perplexité. A oublier au plus vite...

Jean-Jacques Millo

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