Opus Haute Définition e-magazine

G. Verdi

Aïda

Nina Stemme, Salvatore Licitra, Luciana d’Intimo, Juan Pons. Zurich opera Orchestra. Adam Fischer (dir)

Bel Air classiques BAC022, Harmonia Mundi Distribution

2 DVD stéréo Dolby / DTS 5.1

L’opéra de Zürich a fait appel au metteur en scène Nicolas Joël, qui choisit de replacer l’action à l’époque de l’inauguration du Canal de Suez. Nous sommes en plein orientalisme. Certes, les décors de Ezio Frigerio sont splendides et les costumes de Franca Squarciapino sont somptueux. Le problème est qu’on évite ainsi de mettre en scène Aïda dans son intégrité en transposant ses décors dans un autre temps. On l’élimine purement et simplement. Cependant, si l’on évite la production traditionnelle avec sphinx en carton-pâte, on n’évite pas la démesure de l’autre époque… Certes, Nicolas Joël a quelques circonstances atténuantes puisqu’il considère cet opéra comme oeuvre politique, liée aux forces françaises et anglaises qui occupèrent le pays à cette époque car effectivement le Canal de Suez ouvre notamment la voie entre Méditerranée et Proche-Orient, Europe et pays arabes. Il n’empêche, on tire une mise en scène autour de l’œuvre et non tirée de l’œuvre. Un autre problème surgit dans la réalisation de Andy Sommer qui multiplie les angles de vue « originaux », autrement dit ce qu’on appelle le split-screen, l’écran divisé en deux ou trois qui nous montre plusieurs actions simultanées. Une fois de plus, on évite de penser à sa mise en images concrète par des effets où le téléspectateur ne sait plus où donner de la tête, en plus de minimiser ce qui se passe réellement sur scène. A part cela, cet Aïda s’en sort bien, musicalement parlant. Nina Stemme dans le rôle-titre est superbe. Son Aida est intense et délicate. A part Salvatore Licitra dans Radamès, les rôles masculins (Juan Pons, Matti Salminen etc.) s’en tirent bien aussi. Si le corps de ballet est un peu mou, la direction d’Adam Fischer est ferme, bien qu’un peu sèche. A noter que qu’un second DVD contient une interview du réalisateur Andy Sommer et un documentaire d’une cinquantaine de minutes assez décousu.

Yannick Rolandeau

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