Opus Haute Définition e-magazine

J. Cage

One 11 and 103

Mode 174 174, Abeille Musique

DVD stéréo / DTS

Dans 30 000 ans, les martiens rigoleront bien fort en se tapant sur la bedaine à la vue de ce DVD qu’ils prendront sans doute pour une comédie hautement irrésistible au sixième degré. Comme il sera en mauvais état, ils n’en auront que des fragments qui deviendront rapidement cultes. Surtout le passage où John Cage, ce compositeur si particulier qui joue de l’aléatoire ou du hasard sans arbitraire ( !) jusqu’à retirer le plus possible toute intervention de l’auteur, d’éléments personnels, donc singuliers, ce qui fait que la musique s’appelle musique, dit : « Je me réjouis à l’idée de regarder un film qui n’a ni trame, ni acteurs, qui n’a pour ainsi dire, rien. A une époque où nous vivons la violence, la surpopulation, la guerre et l’effondrement économique, ce film nous donne de quoi faire plaisir. » Effectivement, les martiens ne regarderont rien. 90 minutes de rien, c’est-à-dire des sources lumineuses, des ronds de lumière et d’ombre sur une musique au kilomètre. Comme ils ne sont pas bêtes ces martiens, ils essaieront de comprendre et regarderont, de plus en plus hilares, le documentaire intitulé The making of One, où la commentatrice dit : « Pour chaque source lumineuse, pour chaque mouvement de lumière ou de caméra, ainsi que pour un montage ultérieur ou la composition musicale, Cage élabore une stratégie d’action qui sera d’abord traduite en valeurs numériques, en chaînes puis en constellations de nombres grâce à un logiciel. Ces nombres donneront ensuite les valeurs de performances dynamiques pour la programmation, pour les lumières (mouvements de lampes individuelles), pour la composition orchestrale spécifiquement crée par Cage pour le film ainsi que pour tous les autres aspects qui constituent le film. Toutefois, le passage de l’ordinateur au monde réel est le fruit de la main de l’homme. Chaque lumière est suspendue précisément suivant les indications du scénario afin d’en déterminer les angles d’inclinaison et leur degré de diffusion dans le studio. » Là, ils sont morts de rire les martiens...

Yannick Rolandeau

Visuel