Opus Haute Définition e-magazine

Gideon Klein

La Musique de Chambre pour Cordes

Kocian Quartet

Praga Digitals PRD 250.224, Harmonia Mundi Distribution

Super Audio CD hybride stéréo/multicanal

Aujourd'hui, grâce notamment au disque, des compositeurs comme Viktor Ulmann, Erwin Schulhoff, Pavel Haas, Hans Krása ou Gideon Klein, dont les œuvres étaient considérées, par les nazis, comme dégénérées, retrouvent une reconnaissance à la fois tardive et dérisoire, mais essentielle. Le cas du jeune compositeur tchèque Gideon Klein (1919-1945), déporté en 1941 au camp de concentration de Terezin et assassiné en 1945 à l'âge de vingt-six ans à Auschwitz, nous rappelle à quel point la musique pouvait être présente dans le système concentrationnaire du troisième Reich. Un paradoxe que Eckhard John souligne en disant : "L'existence de la musique dans les camps de concentration a longtemps été un sujet tabou. Cela provenait du refoulement qui caractérisait la société allemande de l'après-guerre, auquel le milieu musical a lui aussi contribué, avec une minutie toute allemande. Même après la défaite du troisième Reich, d'anciens protagonistes et sympathisants de la vie musicale nationale-socialiste ont étouffé dans l'œuf, grâce à leur influence restée intacte, toute tentative de perpétuer la mémoire des victimes de leur politique musicale. On ne voulait rien savoir des musiciens poussés a l'exil, ni de l'œuvre de ceux assassinés dans un camp de concentration ou d'extermination". Le label Praga Digitals, se penche donc sur la musique de chambre pour cordes de Gideon Klein et nous offre un SACD essentiel, avec un "Trio à Cordes" composé à Terezin en 1944, "Quatre mouvements pour Quatuor à Cordes" datant de 1938, le "Quatuor à Cordes Op. 2 de 1940-41, un "Duo pour Violon et Alto de 1940, partition visionnaire et redoutable pour les exécutants, "Prélude pour Alto Solo" de 1940 également, un autre "Duo pour Violon et Violoncelle" composé entre 1938 et 1940 et pour conclure ce magnifique programme, la "Fantaisie et Fugue pour Quatuor à Cordes" de 1942-1943. La musique de Gideon Klein est véritablement sidérante quand l'on sait qu'il fut un autodidacte complet n'ayant jamais eu de professeur de composition. Le Quatuor Kocian lui rend ici un hommage vibrant en offrant une lecture fervente d'œuvres inspirées, puissantes et émouvantes. Plus qu'une interprétation… un message musical.

Jean-Jacques Millo

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