Dans ce second volet de l’intégrale des Quatuors à Cordes de Dimitri Chostakovitch par le Quatuor Mandelring, nous retrouvons les Opus. 73, 101 et 110. Le Quatuor N°3 en fa majeur Op. 73 porte les traces d’une douleur indicible. Il fut composé en 1946 et fait montre d’une intensité des plus remarquables. Le Quatuor N°6 en sol majeur Op. 101 datant de 1956 est une partition plus légère « négligée par les quelques ensembles qui s’attaquaient aux quatuors de Chostakovitch » précise Pierre-Emile Barbier. Le Quatuor N°8 en ut mineur Op. 110, probablement le plus joué de toute la série, fut composé en 1960. Du fait de son caractère autobiographique, il donna lieu à nombre d’interprétations des plus saugrenues que Chostakovitch s’empressa de corriger en disant : « On la qualifia d’office de « dénonciation du fascisme ». Pour dire cela, il fallait être à la fois aveugle et sourd. Car, dans ce quatuor, tout est clair comme dans un abécédaire. J’y cite Lady Macbeth, la 1ère symphonie, la 5ème. Qu’est-ce que le fascisme a à voir avec cela ?... J’y fais entendre un chant russe à la mémoire des victimes de la révolution ». Le Quatuor Mandelring offre, une nouvelle fois, les qualités d’un ensemble homogène aux sonorités puissantes, à l’ardeur engagée. Comme pour le précédent volume le sens de la couleur imprègne leur interprétation et laisse parfois en retrait un engagement que l’on aurait aimé plus profond. Cependant, la clarté des phrasés et la beauté des timbres ici déployées rendent le discours musical passionnant. Une suite véritablement enthousiasmante. Signalons également que ce Super Audio CD est accompagné d’un DVD proposant un portrait des membres du Quatuor Mandelring.

Jean-Jacques Millo

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