Les deux premières Sonates de l'opus 31 font partie d'une période douloureuse du compositeur allemand. C'est l'époque du fameux testament d'Heiligenstadt dans lequel Beethoven dit adieu aux siens après avoir choisi la voie du suicide. La surdité qui le frappe alors rend intolérable son existence. "Ma mauvaise santé me met des bâtons dans les roues. Depuis trois ans, mon ouïe est devenue plus faible et je peux dire que je mène une vie misérable. J'évite toute société car je ne peux dire aux gens : "Je suis sourd". Si j'avais n'importe quel autre métier, ce serait encore possible. Mais dans le mien, c'est une situation terrible. Et mes ennemis, qui sont nombreux, que diraient-ils ?". La Sonate n°16 en sol majeur Op. 31 n°1 et la Sonate n°17 en ré mineur Op. 31 n°2 "La Tempête" furent composées durant la fin de l'année 1801 et le début de l'année 1802. Quant à la Sonate n°18 en mi bémol majeur Op. 31 n°3, sa composition date également de 1802 mais elle ne fut publiée originellement que deux ans plus tard en 1804. Au piano-forte, Ronald Brautigam poursuit son intégrale des Sonates pour piano de Beethoven, avec un bonheur sans cesse renouvelé. Ici encore, pour ce cinquième volume, sa technique, son toucher, ses phrasés et son sens de l'architecture édifient un véritable monument interprétatif incontournable. Une légende en marche...

Jean-Jacques Millo

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