Opus Haute Définition e-magazine

A. Schoenberg

Moïse et Aaron

Franz Grundheber, Thomas Moser. Vienna State Opera, Slovak Philharmonic chorus. Daniele Gatti (direction)

Arthaus Musik 101259, Intégral distribution

DVD stéréo / DTS

L’œuvre est complexe, sérieuse et pas facile d’accès. Et inachevée… On sait qu’Arnold Schoenberg s’est converti au judaïsme en 1933 juste avant d’émigrer aux Etats-Unis. Dans le premier acte, on suit l'action de l'Exode. Moïse reçoit de Dieu la mission de libérer les Juifs de la tyrannie de Pharaon et de les mener hors d'esclavage. Mais ne pouvant pas transmettre la parole divine, il demande l’aide à son frère Aaron. Celui-ci détourne le sens primitif du message divin en usant des artifices de la langue. Dans le second acte, Moïse reçoit les fameuses tables de la Loi. Le peuple doute et prend pour argent comptant les paroles d'Aaron. Orgie, chaos, adoration du Veau d'or, des images païennes. A son retour, ce dernier brise les idoles, casse les tables de la Loi, accable son frère pour son esprit pernicieux et manipulateur. Le rôle de Moïse est écrit en sprechgesang (parlé-chanté), point d'équilibre entre le chant et la parole. Aaron est plus lyrique, et plus fluide. La présence du chœur est importante. L’orchestre donne à l’ensemble une musique tendue à l’extrême. Enregistré au Vienna State Opera en 2006, ce Moïse et Aaron a de quoi surprendre. Car au vu des deux actes, on ne se retrouve pas du tout dans les décors qu’on attendait. Quand le célèbre bâton se transforme en serpent, cela a lieu sur trois écrans de télévision qui surgissent du sol. Dans le premier acte, on a plus l’impression d’être dans une sorte de souterrain qu’en plein désert. Et cela empire surtout au second acte où là, des hommes et des femmes, dans d’étranges costumes pailletés et des combinaisons, se trémoussent devant des dizaines d’écrans de télévision qui diffusent des images lascives. Etc. Ca devient n’importe quoi, juste histoire de faire original. A part cela, les chanteurs, Franz Grundheber et Thomas Moser sont excellents et la direction orchestrale l’est tout autant. Sauf que le spectacle devient rapidement d’une laideur sans nom.

Yannick Rolandeau

Disponible surIntegralmusic.fr
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