Premier opéra représenté sans prologue (on se récria contre cette nouveauté), en cinq actes sur un sujet de Cahusac, Zoroastre a été représenté pour la première fois par l'Académie Royale de Musique, le 5 Décembre 1749 et remis au Théâtre le 20 Janvier 1756. Qui est Zoroastre ? Il s’appelle aussi Zarathoustra (on sait la popularité que lui donnera Nietzsche) personnage religieux important, fondateur du Zoroastrisme, ancienne religion de la Perse. On suppose qu'il est né au nord de l'Iran, mais certaines traditions le font naître à Balkh dans le nord de ce qui est aujourd'hui l'Afghanistan. On connaît des bribes de sa vie, à travers les hymnes gathiques de l'Avesta, rédigés dans une langue indo-iranienne archaïque, l'avestique, vieille d'entre 2500 et 3000 ans. On considère aussi Zoroastre en tant que personnage historique. La version la plus courante est de considérer qu'il a vécu aux alentours de l'an -1000, mais d'autres estimations le font naître plus tôt. Ici, Zoroastre est à la fois une histoire et un propos philosophique entre le bien et le mal. Il y a un royaume ; un roi meurt. Deux hommes veulent lui succéder, Abramane (le méchant) ou Zoroastre (le bon). Qui va régner ? Au milieu, une histoire d’amour. Abramane aime Amélite qui devrait être reine tandis que Erinice (une méchante) aime Zoroastre. Rien ne sera simple. Les opéras de Rameau sont un festival de musique, de danse, d’airs tourbillonnants, de rythmes effrénés, de poésie. La première partie est un tableau fort et pathétique du pouvoir barbare d'Abramane, et des gémissements des peuples qu'il opprime. La seconde partie est une image vive et riante de la puissance bienfaisante de Zoroastre, et du bonheur des peuples qu'il a délivré de l'oppression. Fort heureusement, nous sommes là en 2006 dans le vieux théâtre du XVIIIe, le Drottningholm, en Suède. Pas de décors cliniques ou modernisants, style parking, immeubles de banlieue, pizzeria de faubourg, salle chirurgicale, mais un beau et vieux théâtre avec des machines de scènes de l’époque, nous donnant cette impression délicieuse de retrouver les origines de l’opéra et du théâtre. Le spectacle est souvent réjouissant, enlevé, même si on aurait aimé une mise en scène plus cohérente et moins sèche. Christophe Rousset est très à l’aise dans ce répertoire avec ces Talents lyriques. Du côté des interprètes, on retiendra surtout la belle prestation de la « méchante » Anna Maria Panzarella dans le rôle d’Erinice, très présente charnellement et impeccable vocalement. Anders Dahlin dans Zoroastre, Evgueniy Alexiev dans Abramane et Sine Bundgaard dans Amélite manquent un peu de charisme pour être tout à fait convaincant. Un reportage instructif d’une heure complète ce DVD et aborde la musique de Rameau, le sujet de Zoroastre avec des explications techniques bienvenues.

Yannick Rolandeau

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