L’orchestre philharmonique de Berlin est l’un des plus grands orchestres au monde même si ces dernières années, son niveau semble ne plus être ce qu’il était. Voici en tout cas un coffret pour en juger avec cinq chefs différents. Le premier est Mariss Jansons dans un concert de 2001 à Istanbul (Europa-Konzert). Si la célèbre symphonie N°94 de Haydn est bien maîtrisée, en revanche la Symphonie Fantastique de Berlioz manque singulièrement de vivacité et d’allant. Le second chef pour cette rétrospective est Daniel Barenboïm dans le Concert de la Saint-Sylvestre 2001 « Invitation à la danse ». Le programme est plus éclectique mais plus dispersé aussi. Cependant, Daniel Barenboïm insuffle une énergie phénoménale à l’orchestre qui enchaîne morceau sur morceau sur un rythme endiablé. On aurait presque la tête qui tourne car on passe d’une Gavotte de Bach, à un menuet et un rondo de Mozart, une danse slave de Dvorak, une valse de Strauss. Concert enivrant et énergique ! Pour compenser une telle fièvre, le troisième chef est Claudio Abbado dans un concert plus sensible, plus tendre avec un concerto pour violon de Brahms ou plus romantique avec une remarquable 9eme symphonie de Dvorak. Très beau concert (le plus émouvant certainement). Tout change ensuite avec Seiji Ozawa qui offre un quasi festival Gershwin revu et corrigé par le pianiste noir Marcus Roberts, austère et sobre mais dansant ! Ca déménage car le pianiste jazzifie si j’ose dire Gershwin en y ajoutant des variations ou des cadences swinguantes de son cru. Magnifique interprétation de la sublime Rhapsody in Blue, et surtout du Concerto en fa réussissant la parfaite synthèse ou le parfait métissage de deux grands genres musicaux, le classique et le jazz. C’est dans le dernier concert que tout retombe avec Simon Rattle qui offre un concerto pour piano et une orchestration du Quatuor pour piano N°1 de Brahms un peu patauds. Un coffret inégal mais comportant des moments de pur bonheur.
Yannick Rolandeau |