Voici donc le huitième et dernier volume de l’intégrale de l'œuvre pour piano de Gioacchino Rossini entreprise par le pianiste Paolo Giacometti. Jouant sur un Pleyel de 1858, ce dernier termine l'exploration de ce corpus avec les "Quatre Hors d'Œuvres", les "Quatre Mendiants" et des pièces provenant des "Autres Péchés de Vieillesse" ainsi que de "Musique Anodine". On le sait, Rossini se refusa, de son vivant, à toutes publications de ces pièces intimes. Comme l'écrit le musicologue Philip Gossett en préambule de cet enregistrement, "c'est à Paris que Rossini composa ses Péchés de Vieillesse, recueil constitué principalement de pièces pour piano ou pour voix et piano. Ces dernières virent le jour durant la dernière décennie (1857-1868) de la vie du compositeur et furent écrites pour son seul divertissement et celui des hôtes qui affluaient lors de ces Samedis soirs qu'il organisait avec son épouse Olympe". A la fois légères, insouciantes et poétiques, ces pièces forment une œuvre à part entière, révélant un Rossini plus fantasque que farceur. Paolo Giacometti les joue avec sagesse et parfois un peu trop de sérieux. Le discours musical paraît alors un rien guindé malgré un engagement opiniâtre qui force le respect. Bien évidemment il ne faut pas s'attendre à trouver ici des chefs-d’œuvre inconnus, mais bien plutôt le visage d'un compositeur soucieux de livrer une éloquence pianistique placée sous le signe de l'ironie et du charme, comme le fera plus tard Eric Satie. En conclusion, on ne saurait méconnaître ces partitions mineures d'un compositeur adulé en son temps pour un genre musical plus exubérant.

Jean-Jacques Millo

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