Œuvre mineure dans la production de l'auteur du Chevalier à la Rose, la musique de ballet" La Légende de Joseph" fut composée durant les années 1912-1914. Commandée par Diaghilev pour ses Ballets Russes, la partition fut élaborée sur un livret de Kessler et de Hofmannsthal. Elle conte l'histoire de "l'épouse de Putiphar, partagée entre sa passion pour un ascète et son aspiration à un monde divin", comme nous le dit Dominique Jameux dans son remarquable ouvrage consacré à Richard Strauss. La musique de ce dernier, il faut bien le reconnaître, ne brille guère ici par son originalité et c'est avec un plaisir un peu las que nous écoutons une œuvre un rien trop riche voire lourde, malgré de somptueux passages à l'éloquence brillante. C'est un peu comme si le compositeur bavarois s'efforçait de trouver une unité sans jamais y parvenir. Mais comme il l'avoua lui-même, "Le chaste Joseph n'est pas tout à fait mon genre". A la tête du Budapest Festival Orchestra, après de remarquables enregistrements Mahler, Ivan Fischer parvient, avec bonheur, à éviter les pièges de la partition en allégeant son discours musical et en évitant ainsi toute lourdeur, pour offrir l'évidence d’une expression attachante. Sous sa baguette, La Légende de Joseph retrouve un charme indéniable avec parfois des moments d'une grande beauté, jouant sur les couleurs et l'équilibre des pupitres. Fischer maîtrise parfaitement le flot opulent, généreux, luxuriant de la musique de Strauss et son interprétation parvient à transcender le caractère anecdotique de la partition. Un très bon SACD en pur DSD.

Jean-Jacques Millo

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