Opus Haute Définition e-magazine

Rétrospective Philippe Herreweghe

Harmonia Mundi HMX 2908226.28, Harmonia Mundi Distribution

DVD stéréo / DTS

Pour le soixantième anniversaire de Philippe Herreweghe, Harmonia Mundi lui rend hommage à travers un reportage de Sandrine Willems, de cinquante six minutes (partie DVD) et de deux compacts disques (plus de deux heures de musique et 28 plages avec des compositeurs comme Claudio Monteverdi, Jean-Sébastien Bach, Heinrich Schütz mais aussi Bruckner, Schoenberg…) retraçant un fastueux parcours discographique, de quoi réellement découvrir la direction orchestrale de notre homme. L’aspect baroqueux est la partie la plus polémique avec des assertions plus que discutables (« On ne peut plus diriger Jean-Sébastien Bach avec l’orchestre de Debussy ou de Wagner » dit Philippe Baussant, ce à quoi l’on pourrait répondre comme le philosophe Clément Rosset : « C'était comme ça qu'on jouait à l'époque, nous assure-t-on. C'est bien possible, mais c'est aussi une excellente raison d'essayer de faire autrement. ») et si le reportage est assez conventionnel dans sa facture ou dans sa réalisation, il a l’avantage de nous faire découvrir un homme fin et sensible, plutôt humble et réservé, passionné par son métier. On aurait aimé, en fait, outre des propos forcément élogieux sur Philippe Herreweghe de la part de ses collaborateurs-musiciens, avoir des entretiens plus longs avec le chef d’orchestre ou du moins des entretiens plus fournis et plus conséquents plutôt que des « bouts » prélevés ici et là, émaillés de répétitions. C’est là que le bât blesse car nous avons l’impression de survoler l’univers du chef d’orchestre plutôt que de pénétrer dans sa « vision ». Cela aurait été plus enrichissant mais sans doute moins « attractif » au point de vue de l’audience. Car se dit-on pour en arriver là avec une telle passion, il faut être habité comme on le dit. Du coup, nous restons un peu à la porte. Cette réserve étant faite, le documentaire reste suffisamment intéressant pour susciter notre curiosité et nous pousse à écouter ou réécouter les enregistrement du chef.

Yannick Rolandeau

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