Dans un esprit d’ouverture du langage musical universel, le label Lyrinx se penche sur la musique de son temps en prouvant que les œuvres contemporaines ont encore quelque chose à dire. Consacré aux compositeurs en résidence à la Casa Velázquez, en Espagne, cet enregistrement nous ouvre les portes d’un univers unique où les artistes (peintres, sculpteurs, graveurs, architectes, compositeurs, cinéastes, photographes…) côtoient, dans un même lieu des chercheurs (archéologues, linguistes, sociologues, économistes…). Fondée en 1920, la Casa Velázquez est un établissement français qui vit le jour grâce à l’initiative du compositeur organiste Charles-Marie Widor. Le programme de ce SACD enregistré en pur DSD multicanal, s’ouvre sur une œuvre de Julien Dassié intitulée « Ode à Eugène Leroy ». Datant de 2003, la partition est écrite pour flûte, hautbois, clarinette, violon, alto, violoncelle, contrebasse et percussion. « Sans fin, la Clepsydre de jade » de Gilles Silvestrini, datant de 2002, regroupe huit mélodies pour soprano, flûtes, clarinette, cor, harpe, violon, alto, violoncelle, d’après des poèmes chinois du VIIIème siècle. « Patientia » de Jean-Philippe Bec, également pour soprano, mais incluant aussi percussion et électronique ainsi qu’une voix off, est une partition d’une sombre beauté. « Voir » de Thierry Machuel, datant de 2000, se veut un hommage au poète Eugène Guillevic, avec des extraits d’une dizaine de textes qu’il écrivit dans les années soixante. Là encore, la voix se déploie dans une intériorité à la fois sombre et délicate, révélant l’émotion dans sa pureté originelle. L’ensemble Télémaque, dirigé par Raoul Lay, défend ces œuvres avec passion et conviction, invitant le musicien et le poète à offrir une lumière différente de celle qui berce notre quotidien, une lumière que nous ne pouvons percevoir ailleurs qu’en nous-mêmes et que seules les œuvres musicales d’aujourd’hui peuvent révéler. A méditer.

Jean-Jacques Millo

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