Siegfried, deuxième journée du Ring de Richard Wagner fut créé à Bayreuth lors du premier festival le 16 août 1876. Quelques années auparavant, en 1868, le compositeur allemand retrouve le chemin de son œuvre après l'avoir délaissée durant douze années. Siegfried est donc de nouveau sur le métier et Wagner s'attaque alors au deuxième acte de son opéra dans un enthousiasme débordant qu'il confie à son mécène, le roi Louis II de Bavière : "Le dernier développement très poussé du second acte m'a particulièrement fasciné d'une manière telle qu'il m'a fallu souvent m'arrêter dans le ravissement (...). Il me faudrait vous dire le sombre, sublime et terrible tremblement avec lequel je pénètre dans l'empire de mon troisième acte. Nous découvrons là, comme les Hellènes dans la vallée fumante de Delphes, le centre nerveux de la grande tragédie de l'univers. La fin d'un monde approche". Le label australien Melba poursuit son entreprise et nous livre ici un Siegfried ne manquant pas d'atouts, surtout au niveau de l'orchestre où Asher Fisch dirige la partition avec un luxe de détails, même si parfois sa direction manque de nuances. Cependant, le timbre clair et lumineux de Gary Rideout dans le rôle titre fait mouche, et ce, malgré une diction approximative. Le reste de la distribution, à quelques exceptions près, est toujours en deçà de ce que l'on peut attendre dans le chant wagnérien et c'est bien dommage. Signalons également une coupe assassine, indigne d'un label offrant, par ailleurs, une édition des plus luxueuses, entre le troisième et le quatrième SACD. Cela précisé, cette version vaut le détour, surtout pour le Siegfried de Gary Rideout et l'Alberich de John Wegner. Mais également, malgré une émission resserrée accusant des crispations dans l'aigu, pour la Brünnhilde de Lisa Gasteen. Et bien sûr, pour une prise de son live extraordinaire de présence en multicanal.

Jean-Jacques Millo

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