Je me demande bien souvent ce qui peut guider ce genre de récital où l’on mélange un peu tout et n’importe quoi. Certes ici, la vedette est Yehudi Menuhin et l’on a déjà tout dit sur son exceptionnel talent. Il n’est d’ailleurs pas tout seul à officier ici puisque les pianistes sont Adolph Baller qui interprète Beethoven et Wieniawski, et Jacob Gimpel qui joue plusieurs études de Chopin ainsi qu’une valse et une mazurka ; quant à la contralto Eula Beal, elle est accompagnée par Marguerite Campbell dans un extrait de la passion selon saint Mathieu de Bach, un lieder de Tchaïkovski et de Schubert entre autres. Ajoutons à cela qu’Antal Dorati dirige l’Orchestre symphonique d’Hollywood (oui, il y en a un !). Comme on le voit, il y a pléthore d’auteurs et d’artistes mais bien évidemment aucune cohérence dans ce programme fourre-tout. Ils défilent. C’est gênant, même si Yehudi Menuhin a voulu faire rentrer la musique classique dans les salons et la faire interpréter par de grands musiciens. L’intention est noble et louable, n’en doutons pas, mais le résultat est au final peu convainquant, à quelques exceptions près. À noter que le DVD comporte un long entretien de Yehudi Menuhin où celui-ci, en passant, critique avec un œil plus acéré ses prestations de l’époque. On apprécie au passage la gentillesse et l’humanité qui semblent émaner de sa personnalité.

Yannick Rolandeau