Brillant Classics réédite une série parue jadis sous label Opus Arte dans une version ultra économique. A ce prix, c’est à découvrir d’urgence. Lo Frate ‘Nnamorato (Le Frère amoureux) est le second opéra composé en 1732 par Pergolèse, âgé alors de vingt-deux ans (il mourra quatre ans plus tard). Cette œuvre, qui met en scène des personnages populaires, raconte une énième histoire de mariages arrangés. Trois arrangements d’ailleurs qui vont voir les femmes en pincer secrètement pour un seul et même jeune homme, Ascanio. Avec un décor unique et pivotant tel une immense porcelaine, baignant la représentation dans de jolis dégradés beiges, Riccardo Muti parvient à donner, grâce à une direction vive et sur un rythme endiablé, une cohésion à l’ensemble. Les interprètes sont presque tous à la hauteur : Alessandro Corbelli est un incomparable Marcaniello, Bruno De Simone est irrésistible dans le rôle d’un don Pietro sot et vaniteux, et Amelia Felle compose une Nena avec fière allure. Luciana D’Intino, quant à elle, dans le rôle de Luggrezia est excellente. Certes, Ezio Di Cesare et Bernadette Manca di Nissa trahissent quelques faiblesses vocales tandis que la julie Nuccia Focile accuse certaines limites dans l’aïgu (mais elle convainc dans son très bel air au premier acte),. Il n’empêche, le tout possède une grande fraîcheur expressive et on prend beaucoup de plaisir à cette comédie enregistrée en 1989 à la Scala. Ajoutons que les deux servantes, Nicoletta Curiel en Cardella, et surtout Elizabeth Norberg en Vanella (son duo avec Bruno De Simone à l’acte III est tout bonnement magnifique) sont charmantes et espiègles à souhait. Une réussite. Un opéra à découvrir.

Yannick Rolandeau