Opus Haute Définition e-magazine

D. Buxtehude

Membra Jesu Nostri

Maria Cristina Kiehr, Rosa Dominguez, Andreas Scholl, Gerd Türk, Ulrich Messthaler. Schola Cantorum Basiliensis. René Jacobs (direction) et (luth)

Harmonia Mundi HMD 9909006, Harmonia Mundi Distribution

DVD stéréo / DTS

Comme d’habitude, l’éditeur offre un coffret DVD visuellement très beau et très agréable à manipuler, illustré par un tableau de Jean Daret, « Déploration sur le corps du Christ » (1636), parfaitement en situation avec la musique de Dietrich Buxtehude (1637-1707), Membra Jesu Nostri, composée en 1680 au temps où il était organiste à l’église Sainte-Marie de Lübeck. Dédiée à son « ami très estimé » Gustav Düben, la partition est un cycle de sept cantates composées pour le temps de la passion. Né d’un père organiste, Dietrich Buxtehude passa ses premières années à Oldesloe dans la province de Holstein, ville sous domination danoise. En 1660, il est organiste de l'église allemande d'Helsingør (Elseneur). De 1668 à sa mort, il est organiste de la Marienkirche de Lübeck en succession à Franz Tunder. Il y rend célèbres les « musiques du soir » (Abendmusiken), concerts où sont donnés des cycles de cantates, et d'oratorios répartis sur plusieurs dimanches, en dehors du cadre des offices. Créés par son prédécesseur, il les programme les dimanches de l'Avent où il acquiert une grande réputation. En 1699, Pachelbel lui dédie son Hexachordum Apollinis. En 1703 il reçoit la visite de Haendel. Membra Jesu Nostri est donc l’une des œuvres de Buxtehude les plus belles et les plus jouées, avec, comme élément structurant, l’hymne médiévale latine, Salve mundi salutare, méditation mystique face aux membres du Christ en croix. Dépouillée, d’une polyphonie limpide, la musique est délicate, parfaitement retraduite ici par la direction superbe de René Jacobs. Le lieu d’enregistrement, lui aussi magnifique, est l’abbatiale de Payerne dont la beauté et l’intimité permettent de nous immerger dans l’atmosphère spirituelle que procure cette musique. Moment de recueillement que les sopranos Maria Cristina Kiehr et Rosa Dominguez, l’alto Andreas Scholl, le ténor Gerd Türk et la basse Ulrich Messthaler restituent à la perfection. On regrette que le concert ne soit pas filmé en pellicule argentique, ce qui aurait donné une teinte esthétique inestimable. Bref, ce DVD est à ne rater sous aucun prétexte.

Yannick Rolandeau

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