Tchaïkovsky n’est pas seulement le compositeur de six symphonies, de ballets ou d’opéras, il est aussi l’auteur de quatre suites pour orchestre qu’il utilisa à la fois comme moyen de s’évader du cadre stricte d’autres genres musicaux et comme terrain d’expérience voire d’étude. Le présent enregistrement nous donne à entendre la suite n°3 opus 55 qui connut un succès considérable lors de sa création sous la direction du chef Hans Von Bulow en 1885 à Saint-Pétersbourg. Considérée comme la plus aboutie des quatre, cette suite se compose d’une Elégie introductrice, d’une valse mélancolique, d’un Scherzo et d’un Thème avec variations faisant la part belle, notamment, à un solo de violon très inspiré. De son côté, le compositeur Igor Strawinsky, ne cachant pas son admiration pour son aîné, composa son Ballet « Le baiser de la fée » en hommage à l’œuvre entière de l’auteur du Casse-Noisette. Et bien au-delà de l’hommage, c’est à un exercice « à la manière de » auquel Stravinsky se livre avec plus ou moins de bonheur. Le jeune chef d’orchestre Vladimir Jurowski menant de mains de maître un orchestre national de Russie des grands jours, nous offre un programme des plus enthousiasmants. Sous sa baguette, la suite n°3 de Tchaïkovsky sonne avec une assise orchestrale idéale au cœur de laquelle chaque pupitre délivre son message dans une cohérence et une mise en place magistrale. Avec des phrasés relativement amples, privilégiant la structure plus que le pathos facile, Jurowski nous transporte au-delà d’une œuvre mineure. Le Divertimento d’après le Ballet de Stravinsky est du même acabit, laissant les couleurs de l’orchestre s’épanouir et les rythmes s’éveiller avec naturel. En pur DSD, ce Super Audio CD est une belle surprise. Jean-Jacques Millo |