2006 étant une année commémorative, notamment pour Mozart, voici donc l’un de ses premiers hommages rendu par Jordi Savall et Le Concert des Nations, sur instruments d’époque. D’emblée, le charme est au rendez-vous avec un programme homogène et vivifiant. L’enregistrement débute avec la Sérénade nocturne KV 239 que le maître de Salzbourg composa en 1776. Puis vient la plus célèbre des Sérénades « Une petite musique de nuit » dont la date de composition remonte à l’année 1787. C’est d’ailleurs durant cette période que Mozart perdit son père. Le disque se poursuit avec le nocturne KV 286 pour s’achever avec la fameuse Plaisanterie Musicale regroupant un florilège impressionnant de fautes en tous genres. Avec ferveur et passion, Jordi Savall nous offre un Mozart revisité. Le Concert des Nations jouant sur instruments d’époque parvient à délivrer des couleurs éblouissantes sans tomber dans le piège fréquent d’une sécheresse d’intonation qui semble aujourd’hui inévitable pour bon nombre d’orchestres baroques. La Sérénade nocturne trouve sous la direction du grand violiste une chaleur fascinante. Qualité que nous retrouvons également pour le beau Nocturne KV 286. La seule réserve de cet enregistrement vient des troisième et quatrième mouvements de la petite musique de nuit où une certaine précipitation casse l’élan d’une respiration jusque là exemplaire. C’est dommage car tout le reste du programme est magnifique de souplesse et de phrasé idéal. Néanmoins, le Mozart de Savall est un véritable feu d’artifices qu’il faut absolument connaître et savourer en mixage multicanal plus qu’en stéréo, car pour ce dernier, une réverbération excessive nuit à l’épanouissement acoustique de l’ensemble.

Jean-Jacques Millo