Le compositeur danois Rued Langgaard, malgré quelques enregistrements épars parus sous différents labels (chandos, Da Capo...) demeure encore aujourd'hui méconnu. Né à Copenhague en 1893, il est le fils d'un pianiste qui fut élève de Liszt. Enfant prodige, Rued compose dès l'âge de sept ans avant de découvrir l'improvisation comme organiste cinq ans plus tard. Véritable mal-aimé de la musique, Langgaard voit ses créations bridées par l'arrivée de la guerre et c'est par dépit et désespoir qu'il récuse toutes formes de modernité, préférant suivre la voie du postromantisme. Auteur d'une œuvre colossale, le compositeur danois termine sa carrière en tant qu'organiste dans une province reculée du pays. Il meurt en 1952. Le label Da Capo poursuit l'exploration de l'œuvre symphonique de Langgaard avec un enregistrement admirable regroupant les symphonies N°12 "Helsingeborg" BVN 318 datant de 1946 en un mouvement, N°13 "Undertro" BVN 319 de la même période et N°14 "Morgenen" BVN 336 datant de 1947-48 avant d'être révisés en 1951. Dirigeant un Orchestre National du Danemark des grands jours, Thomas Dausgaard parvient à rendre justice à une musique d'une originalité inattendue. Aucun développement n'est prévisible. Passant d'un climat tendu à la plus douce élégie dans un même souffle, la musique de Langgaard envoûte et séduit sans réserve. Faisant intervenir un chœur, la symphonie N°14 est, à ce titre, un bel exemple de construction originale. Un compositeur à découvrir et à approfondir sans attendre.

Jean-Jacques Millo