Poursuivant son intégrale des Cantates de Jean-Sébastien Bach, le label canadien Atma nous offre ici, sous le thème de "Marie de Nazareth", les cantates "Herz und mund und tat und leben" BWV 147 pour la fête de la visitation, "Ich habe genug" BWV 82 pour la fête de la purification et "Wie schön leuchtet der morgenstern" BWV 1 pour la fête de l'annonciation. Optant pour des options interprétatives précises, Bruce Haynes nous rappelle que "les mélodies baroques telles celles de Bach sont faites d'une série continue de petits motifs ou gestes mélodiques, des cellules structurelles variant en longueur d'une à plusieurs notes. Un geste est un mouvement signifiant et chaque geste musical exprime ou souligne une seule et unique idée, sentiment ou attitude. Ce sont là les plus petites unités de sens musicales". Cet enregistrement se veut donc une sorte de "laboratoire" pour tenter d'approcher le mystère insondable de l'interprétation idéale correspondant le mieux à l'époque du cantor de Leipzig. Cependant, tout cela semble aujourd'hui un peu vain. Les interprétations du passé possèdent et possèderont toujours des qualités indéniables qu'aucun orchestre baroque ne pourra jamais approcher. J'en veux pour preuve la « Messe en si mineur » avec Kathleen Ferrier et Karajan ou encore la « Passion selon St Mathieu » avec les mêmes. Nombre d'orchestre se disant d'époque ferait mieux de sonder le mystère de l'émotion plutôt que celui de cellules structurelles, car c'est bien cela qui manque ici au Montréal Baroque dirigé par Eric Milnes. Malgré de bons solistes et une belle prise de son, on cherchera avec peine le moindre frisson.

Jean-Jacques Millo

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