Trois heures en compagnie de Richard Wagner, ce n’est pas de tout repos. On est projeté dans des mythes de toutes sortes, de magie en veux-tu en voilà, de paganisme et de christianisme, de pulsions animales et de vertus chevaleresques, amour charnel et amour spirituel… d’autant que Tannhäuser est inspiré par la lecture de différents ouvrages, des Légendes d’Eisenach et de la Wartburg sur l’Hörselberg, et la fontaine Reinhard de Ludwig Bechstein, Le fidèle Eckart et Tannhäuser de Ludwig Tieck, sans oublier La joute lyriqued’ E.T.A. Hoffmann. L’action de Tannhäuser se passe à la Wartburg au XIIIème siècle. Une grotte sur le mont Hörsel abrite Vénus et ses vassaux. Quand le chevalier Tannhäuser se réveille, il veut partir mais Vénus essaye en vain de le retenir. Elle le menace de sa malédiction, mais le chevalier s'écrie : "Ma foi n'est qu'en Marie !" La magie de Vénus transporte alors Tannhäuser dans l‘univers chevaleresque de la confrérie de la Wartburg. Là, Tannhäuser rencontre Elisabeth et ils tombent tous les deux amoureux... La mise en scène de cette représentation est de Wolfgang Wagner qui, avec une certaine sobriété (mais aussi ascétisme), joue sur la figure du cercle mais s’en sort nettement moins bien au niveau des danseurs (j’ai l’impression parfois de me retrouver dans la comédie musicale Hair !). C’est Giuseppe Sinopoli qui s’en sort remarquablement bien au niveau orchestral tant il parvient à instiller une flamme particulière à la partition. Donnée en 1989 (entre le 23 et 28 juin au festival de Bayreuth), les interprètes Richard Versalle, Cheryl Studer, Ruthild Engert-Ely, Hans Sotin, Siegfried Vogel parviennent à soutenir l’attention et ils sont vocalement remarquables. Une réussite à découvrir si vous hésitez à franchir le pas des opéras de Wagner…
Yannick Rolandeau |