Opus Haute Définition e-magazine

Anton Bruckner

Symphonie N°8

World Phlharmonic orchestra. Carlo Maria Giulini (direction)

EuroArts 2051368, Harmonia Mundi Distribution

DVD stéréo / DTS

Les connaisseurs se souviennent sans doute de remarquables enregistrements des huitième et neuvième symphonies de Bruckner par Carlo Maria Giulini et le Wiener Philharmoniker chez Deustche Grammophon. Voici une autre huitième symphonie, cette fois-ci donnée le 8 décembre 1985 (ce qui se voit dans la prise vidéo où il y a beaucoup de grain). Le concert fut donné pour l’UNICEF au Konserthus de Stockholm, une formation qui rassemble les meilleurs musiciens et musiciennes – chefs de pupitre et solistes des premiers pupitres – de nombreux pays des cinq continents. Le plus gênant est plutôt dans la notice du DVD qui nous dit : « L’idée que la musique est un langage universel et fédérateur des peuples, dans lequel l’égalité des sexes et la fraternité entre nations donne le ton, est devenue ici réalité sonore – donnant ainsi raison à la vision enivrée de joie qu’exprimait Friedrich Schiller en 1785, deux siècles tout juste avant ce concert légendaire : « Tous les hommes seront frères ». Tous les hommes sont-ils aujourd’hui frères ? Bien sûr, tout cela ressemble à de la pure propagande égalitariste et mélangiste. Fort heureusement, l’orchestre est splendide et on oublie rapidement l’idéologie pour la musique. Carlo Maria Giulini, avec une grande simplicité, réussit l’exploit de faire jouer ensemble des musiciens peu rodés et de donner une version forte et simple de cette huitième symphonie de Bruckner. L’orchestre se transcende et nous passons une heure et demi comme fébrile tant la tension est forte. On attend la suite des mouvements un peu, si j’exagère dans la comparaison, comme si on regarde un thriller et qu’on attend la suite de l’action. C’est là qu’on vérifie concrètement l’art des grands chefs d’orchestre. Bref, on pouvait craindre le pire (rappelez-vous Bernstein et la neuvième symphonie de Beethoven) mais Carlo Maria Giulini s’en tire avec les honneurs.

Yannick Rolandeau

Visuel