Opus Haute Définition e-magazine

Franz Liszt

Christus

Franziska Hirzel (soprano). Birgit Remmert (alto). Donald Kaasch (ténor). Ralf Lukas (bariton). Christoph Anselm Noll (orgue). Czech Philharmonic Choir Brno.Beethoven Orchester Bonn. Roman Kofman (direction)

MDG 937 1366.6, Codaex Distribution

3 Super Audio CD hybrides stéréo/multicanal

La fresque religieuse "Christus" de Franz Liszt (près de trois heures de musique) eut une élaboration laborieuse qui débuta dès l'année 1853. "C'est l'oeuvre par laquelle je vous parlerai de ma foi et de mon amour, et si les forces ne me manquent, il y aura du grand et du beau". Ainsi s'exprimait le compositeur hongrois alors soutenu par sa muse, la princesse Sayn-Wittgenstein. L'oeuvre est structurée en trois parties, "Oratorio de Noël", "Après l'Epiphanie" et "Passion et Résurrection". Sa création se fit en deux étapes. D'abord la première partie en 1867 et 1871 avec, pour cette dernière l'accompagnement à l'orgue de Anton Bruckner, et pour l'intégralité de la partition, en 1873 à Weimar sous la direction de Liszt lui-même. La grande force de l'oeuvre du génial compositeur ne réside pas, paradoxalement, dans son caractère religieux, mais bien plutôt dans une irrésistible émotion où le tragique côtoie le drame dans un souffle humain bouleversant. L'homme est ici à son échelle et sa quête ne peut être qu'intérieure. Avec un discours musical lent voire hypnotique, Franz Liszt demeura incompris de nombre de ses contemporains, et même de sa fille Cosima, l'épouse de Wagner "Ce que je connais jusqu'à présent de l'oeuvre ne me fait pas bonne impression". Ecrivait-elle alors dans son journal. Aujourd'hui, cette fresque impressionne par les beautés qu'elle recèle. Malgré quelques longueurs, sa puissance évocatrice demeure d'une richesse rare. Plus à l'aise dans ce genre de répertoire que dans les symphonies de Chostakovitch, Roman Kofman offre une vision très intériorisée, refusant l’emphase, avec d'excellents chanteurs, un chœur exemplaire et un orchestre idoine. Malheureusement la prise de son, au niveau de gravure beaucoup trop bas, est un handicap, certes pas rédhibitoire, mais qui peut gêner l'écoute sur certains appareils manquant de puissance. C'est le seul point noir d'une version néanmoins fort recommandable.

Jean-Jacques Millo

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