La création de la symphonie pour soprano, baryton, chœur d'hommes et orchestre Op.7 "Kullervo" de Jean Sibelius eut lieu à Helsinki en 1892. En cinq mouvements et avant d'être le succès que l'on sait, l'oeuvre demanda au compositeur finlandais une créativité sans faille qui lui fit dire : "Mon travail avance, mais très lentement. Je ne tiens pas à frapper en art une note fausse ou artificielle, c'est pourquoi j'écris puis déchire ce que j'ai écrit en réfléchissant beaucoup à ce que j'essaie de faire. Je pense cependant être maintenant sur la bonne voie. Je perçois en musique les éléments purement finlandais de façon moins réaliste, mais sans doute plus véridique, qu'auparavant". Inspirée par l'épopée finnoise "Le Kalevala", la symphonie "Kullervo" s'ouvre par une large introduction menant à la seconde partie, "La jeunesse de Kullervo", puis "Kullervo et sa sœur" que Sibelius décrivait ainsi : "Kullervo voyage en traîneau et rencontre sa sœur à qui il fait l'amour, ce que j'envisage de traduire par une large mélodie d'une centaine de mesures environ aux violons, altos et violoncelles à l'unisson avec accompagnement rythmique de cuivres graves". Vient ensuite "Kullervo part en guerre" avant que la partition ne s'achève sur "La mort de Kullervo". Dirigeant la Staatsphilharmonie Rheinland - Pfalz, le chef d'orchestre Ari Rasilainen, servit par un chœur exceptionnel et des chanteurs inspirés, donne une vision à la fois dynamique et alerte de ce premier chef-d'oeuvre sibélien. Sa direction exploite avec raison le souffle dramatique de la partition sans tomber dans le piège d'un romantisme déplacé. Un Super audio CD, à la prise de son précise et équilibrée, avec lequel il faudra désormais compter.

Jean-Jacques Millo

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