Ce film d’animation d’une courte durée, 28 minutes environ, illustre la célèbre partition de Sergueï Prokofiev, Pierre et le loup. Jan Svankmajer, le maître de l’animation tchèque, reprochait aux nouveaux films d’animations d’être trop parfaits, sans défaut, trop propres et il y a dans ce reproche plus qu’un simple défaut de fabrication ou une volonté de trop bien faire. Voici en tout cas, un film anglais réalisé par Suzie Templeton et produit par les studios Sé-ma-for. Le design a été crée par deux personnes de qualité, Marek Skrobecki (qui a travaillé sur le film Le Pianiste de Roman Polanski) et Jane Morton qui a crée Ratcatcher et Morvem Callar. Sans être aussi critiquable sur ce plan que les films d’animation américains, il n’en reste pas moins que Suzie Templeton tente de concilier artisanat et modernité, ce qui donne un résultat mitigé. Les personnages sont assez froids, n’évoquant que rarement leur humanité. Mais dans l’ensemble, le film ne se démarque pas assez d’une esthétique franchement glaciale à laquelle on a bien du mal à adhérer, surtout hélas le petit garçon, personnage principal, Pierre, assez insignifiant avec des grands yeux bleus (les petits garçons pourraient-ils avoir d’autres couleurs d’yeux ?). Et la réalisatrice ne joue pas assez avec la poésie et le mystère, notamment la forêt ou les sous-bois quand on entend le thème musical inquiétant du loup. Tout est comme à plat, sans profondeur. Alors la déception est grande quand finalement, à l’issue de ce film, on préfère en rester à une version de Pierre et le loup avec une voix qui vous raconte l’histoire. La version orchestrale de Mark Stephenson conduisant le Philharmonia Orchestra est agréable mais sans plus. Un peu froide elle aussi. En bonus, il y a pour les amateurs de films d’animation l’indication des thèmes musicaux, la fabrication du film lui-même au niveau de l’animation.

Yannick Rolandeau

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