Cet opéra de Mozart d’après un livret de Giuseppe Petrosellini est annonciateur de ce que sera Cosi fan tutte avec ce que l’époque a abondamment développé en matière de déguisement, de chassé-croisé amoureux, de méprises diverses, etc. Que l’on pense à Marivaux aussi. Ici, nous avons une intrigue en droite ligne cousue de ce modèle puisqu’il s’agit de l’histoire de Sandrina, en réalité la comtesse Violante, qui s’est retirée incognito dans un village perdu où elle se fait passer pour une jardinière (d’où le titre La fausse jardinière). Un an avant, son amant, le comte Belfiore l’avait poignardée dans un accès de jalousie et avait pris la fuite sans savoir que sa maîtresse a survécu au drame. Ayant appris qu’il séjournait dans la région, Violante s’y rend afin de voir si elle l’aime encore. La mise en scène de cette représentation de 2006 combine la préciosité des costumes classiques (on est bien au XVIIIe siècle) et des décors tellement froids, genre clinique, que l’on se demande quelle mouche a bien pu piquer le décorateur. Scène quasiment vide, avec des cubes et des triangles, des panneaux jaunes au premier acte où l’on a disposé de jolies roses ! Bref, tout ça fait tarte et faussement intellectuel. A l’image des interprètes : Daniel Ohlmann en Don Anchise, Alexandra Reinprecht en Violante, Norman Shankle en Belfiore, et même Cellia Coste en Arminda sont correctes mais peu inspirés. Je louais le DVD de Britten pour l’interprétation et le chant et c’est bien ce qui manque à cette production : le feu de l’inspiration et de l’interprétation. Lothar Zagrosek menant la Staatorchester de Stuttgart ne brille pas particulièrement. C’est assez enlevé mais peu inspiré. C’est ce qu’on appelle être correct mais on demande plus à l’opéra que d’être « sage ».
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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