Léonard Bernstein a donné au disque deux intégrales des symphonies du compositeur Gustav Mahler, l’une chez CBS (Sony) et l’autre chez Deutsche Grammophon. Cette dernière, si elle est plus satisfaisante, est une version plus luxuriante mais aussi plus démonstrative si on la compare de surcroît à une intégrale que j’aime beaucoup, celle de Rafael Kubelik chez le même éditeur (et que je préfère personnellement). Voici une interprétation enregistrée au Musikvereinssaal à Vienne en octobre 1974 pour la septième symphonie et en août et septembre 1975 pour la huitième symphonie. On peut effectivement être sceptique à l’écoute de la septième symphonie qui est (sonorement parlant) un peu trop belle et luxuriante si j’ose dire tant les symphonies de Mahler regorgent d’amertume, d’ironie cinglante, de sarcasmes et de lyrisme contrarié. Cela manque « d’aridité » et de tranchant parfois. Mais évidemment, pour la huitième symphonie, dite « des Mille », Léonard Bernstein possède comme principal atout, outre le prestigieux Wiener Phiharmoniker, des voix exceptionnelles : Edda Moser, Judith Blegen, Gerti Zeumer, Ingrid Mayr, Agnes Baltsa, Kenneth Riegel, Hermann Prey, José Van Dam… Un rêve impossible à réaliser de nos jours. Et là, évidemment, difficile de faire mieux tant tout ce beau monde participe à la ferveur ambiante. Quel souffle en tout cas que cette huitième (observez le second orchestre tout en haut au balcon que Bernstein dirige aussi !) et là vous ne serez pas déçu.

Yannick Rolandeau