Si on se gargarise aujourd’hui un peu trop des jeunes pianistes, il ne faudrait pas oublier les anciens comme ici Wilhelm Backhaus dont le jeu pourrait se comparer à celui de Wilhelm Kempf. On a souvent dit que Wilhelm Backhaus avait un jeu sec et austère, mais en fait, son jeu est celui de la justesse et de la sobriété (ah, certes, il ne s’étend pas en longueur et cherche la note juste mais quel toucher !) tout comme Karl Böhm à la baguette dirigeant le prestigieux Philharmonique de Vienne. Le premier concert nous offre le 4ème Concerto pour Piano de Beethoven enregistré du 3 au 9 avril 1967 au studio Rosenhügel à Vienne et le second, la Symphonie n°2 de Brahms, enregistrée trois années plus tard, du 16 au 19 septembre 1970 au GroBer Musikvereinsaal à Vienne. Voilà sans doute un enregistrement un peu oublié et qui demande à être redécouvert. Quel jeu de la part de Wilhelm Backhaus, d’une maîtrise tout simplement confondante, sans chichi, sans cinéma. On a donc un 4ème Concerto dégraissé, d’une pureté de jeu hallucinante, allant à l’essentiel. Seul point un peu dommageable, la prise de son un peu sèche, ne rendant pas réellement justice au jeu de Wilhelm Backhaus. Quant à la Symphonie n°2, en voici une version vive et alerte, de la part d’un Karl Böhm décidément en grande force lui aussi. L’intérêt ici est de découvrir ou de redécouvrir un pianiste exceptionnel, Wilhelm Backhaus.
Yannick Rolandeau |