Il est toujours assez excitant de découvrir un opéra d’un compositeur tel que Einojuhani Rautavaara. Certes, il est encore assez peu connu mais sa notoriété commence à dépasser les frontières de son pays, la Finlande, pour devenir internationale. Auteur de remarquables symphonies, et de quatuors entre autres, Rautavaara a développé une musique spirituelle et sensible. Il a aussi composé une dizaine d’opéras. Et en voilà un dont le sujet est effectivement d’importance puisqu’il se situe juste avant la révolution russe de 1917, et ce qui se passe juste avant une révolution a toujours une importance quant à la décomposition du régime en place et les causes de cette déconfiture. Avec un tel personnage, un peu énorme, mystique, débauché et j’en passe, il est difficile de ne pas avoir un sujet comme on dit. Or, étonnamment, Rautavaara déçoit tant l’intrigue paraît faire du surplace. Dans le rôle titre, Matti Salminen, a effectivement un gabarit impressionnant (même si le vrai Raspoutine est plutôt chétif) mais il semble à l’aise dans son interprétation et dans son chant. Durant les presque trois heures que dure la représentation, on a l’impression que la mise en scène ne dynamise pas une intrigue déjà fortement peu dramatique dans sa construction. Est-ce le fait que Rautavaara est lui-même librettiste sur cette affaire ? Je ne sais pas mais en un mot, j’ai été fort déçu. Peut-être que l’interprétation de Mikko Frank, me suis-je dit, ne dispose pas à ce que l’œuvre vive vraiment. Pourtant, l’orchestre est excellent, créant une transparence tout à fait remarquable, permettant aux chanteurs de s’y glisser avec aisance. Yannick Rolandeau |